Les manquements à la démocratie notés par l’OSCE lors des législatives géorgiennes fragilisent cette ex-république soviétique vis-à-vis de la Russie, au moment où elle cherche le soutien de l’Occident dans le différend qui l’oppose à Moscou, estiment des analystes.
« C’est une grave menace pour la sécurité nationale » car « notre principale force dans nos rapports avec la Russie, c’est notre démocratie », estime le politologue Guiorgui Margvelachvili.
Le parti du président pro-occidental Mikheïl Saakachvili a remporté une majorité écrasante de 120 des 150 sièges au Parlement, selon des résultats préliminaires publiés vendredi.
« Tout cela n’est pas très bon pour M. Saakachvili car comment diriger démocratiquement avec une majorité aussi élevée ? », s’interroge le politologue.
Les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ont sévèrement noté les législatives de mercredi, constatant des « intimidations » d’électeurs et des « pressions » sur les observateurs. Ils ont cependant relevé des « progrès importants » par rapport à la présidentielle de janvier.
Le scrutin était considéré comme un test pour cette ex-république soviétique qui ambitionne d’adhérer à l’Otan et à l’Union européenne.
De plus, le rendez-vous électoral intervenait alors que Tbilissi est en crise avec la Russie au sujet de deux régions séparatistes soutenues par Moscou, l’Abkhazie et l’Ossétie du sud, avec accusations mutuelles de mouvements de troupes.
Pour les analystes géorgiens, la Russie suit de près le processus électoral dans son ex-sphère d’influence et se sert de tout manquement observé en Géorgie pour diviser l’Occident et l’influencer sur la question des projets d’adhésion à l’Otan de ce petit pays stratégique du Caucase du Sud.
Moscou est farouchement opposé à l’extension de cette alliance militaire occidentale à ses frontières.
« La Russie surveille la force de l’Etat géorgien et non son niveau de démocratie », souligne Artchil Gueguechidzé de l’Institut géorgien d’Etudes stratégiques et internationales.
« La Russie, qui est de toute évidence un pays beaucoup moins démocratique que la Géorgie, joue un jeu avec l’Europe et essaye de faire perdre sa légitimité à l’indépendance et la démocratie géorgiennes », « avec un certain succès », estime M. Margvelachvili.
Le président Saakachvili a récemment accusé certains dirigeants européens de « complaisance » envers Moscou dans la crise russo-géorgienne.
L’Europe est divisée au sujet de la Géorgie et de ses ambitions atlantistes, l’Allemagne et la France notamment ne souhaitant pas heurter Moscou.
Tbilissi doit « convaincre l’Occident que la Géorgie est sur le chemin du développement démocratique car nous avons besoin de son soutien dans notre conflit avec la Russie », estime M. Gueguechidzé, même si « l’Occident tient plus compte de géopolitique que de démocratie ».
La réaction du gouvernement géorgien au rapport des observateurs va dans ce sens, la vice-ministre de l’Intérieur Ekateriné Zgouladzé disant voir un signe de progrès dans le fait que son pays soit jugé selon de sévères critères « ouest-européens et non post-soviétiques ».
« Il y a des pays qui sont membres de l’Otan et qui ne sont pas arrivés aussi loin que la Géorgie en termes de démocratie », relève de son côté Bruce George, observateur électoral pour l’assemblée parlementaire de l’Otan et membre du Parlement britannique.
