Le père de Charles Villeneuve, un gendarme marié à une Arménienne, gaulliste, rêvait d’une carrière militaire pour l’aîné de ses trois fils. Elevé en Tunisie, ce dernier préfère regarder vers Paris. Journaliste, il publie ses premiers papiers dans « Paris-Presse l’Intransigeant », avant d’entrer à Europe 1, où il troque son patronyme, Leroy, pour Villeneuve, parce que l’un des patrons de la radio refuse qu’il porte le même nom que lui. Spécialiste des questions de police et de terrorisme, Villeneuve rejoint Mougeotte à TF 1 au début des années 1990. On connaît la suite.
E.C.
dimanche 22 juin 2008 | Le Parisien
MERCREDI 18 juin, au siège du PSG, dans l’enceinte du Parc des Princes. Le nouveau patron du club raccompagne Santini, l’ex-sélectionneur des Bleus, et réapparaît dans l’encadrement de la porte. « Vous voulez quoi ? » demande Charles Villeneuve, vêtu d’un costume rayé sombre, en s’enfonçant dans un fauteuil de cuir beige.
Si c’est pour parler foot, on perd notre temps. « Je dévoilerai mon projet en temps voulu. » Cela tombe bien, on cherche seulement à savoir qui est véritablement cet homme, célèbre pour ses reportages à sensation, qui côtoie le Tout-Paris depuis trente ans et a réussi à séduire les actionnaires du PSG. Le bureau est dépouillé de toute décoration. Les cadres photos ne sont pas encore sortis des cartons : « J’ai une très belle photographie en noir et blanc du Che, une autre de Kennedy. » Et des portraits de famille : « Le général Leclerc que mon oncle et mon père ont rejoint », « mon père et ses deux frères quand ils quittent la Grèce », sa mère, et Magali, sa fille unique.
Il n’a pas encadré le cliché de sa poignée de mains avec Georges Habache, le fondateur du FPLP (Front populaire pour la libération de la Palestine). Cet épisode, il préfère le raconter. Rencontrer Charles Villeneuve, Charlie pour les intimes, c’est plonger dans les 1 001 nuits. Dans ses récits contés avec talent, où l’incroyable côtoie l’exceptionnel, on ne croise que les grands : Fellini, Visconti, Arafat et Delon. Lui n’est jamais loin, souvent à son avantage.
Un chef loyal
« Charles te raconte qu’il va aux toilettes, c’est déjà une histoire. Tu te demandes s’il n’y a pas une bombe au bout du couloir, rit Pascal Praud, ancien de TF 1. S’il part à Los Angeles, c’est pour déjeuner avec Spielberg. A Beyrouth, c’était pour saluer Hariri. » Sa femme Geneviève confirme : « Quand il raconte un souvenir, c’est toujours enjolivé. »
Son père, un gendarme marié à une Arménienne, gaulliste, rêvait d’une carrière militaire pour l’aîné de ses trois fils. Elevé en Tunisie, ce dernier préfère regarder vers Paris. Journaliste, il publie ses premiers papiers dans « Paris-Presse l’Intransigeant », avant d’entrer à Europe 1, où il troque son patronyme, Leroy, pour Villeneuve, parce que l’un des patrons de la radio refuse qu’il porte le même nom que lui. Spécialiste des questions de police et de terrorisme, Villeneuve rejoint Mougeotte à TF 1 au début des années 1990. On connaît la suite. « Le Droit de savoir », le défilé du 14 Juillet. « 50 Minutes inside », « C’est quoi l’amour », c’est encore lui, via sa société de production. On ne l’attendait pas à la direction des sports de la chaîne, encore moins aux rênes du PSG.
Qu’ils l’aiment ou le détestent, ses collaborateurs décrivent un chef loyal « qui sait bien s’entourer », « défend ses troupes ». Habillé en Dolce & Gabbana, l’ex-présentateur fait attention à sa ligne. Deux fois par an, il part s’oxygéner à Merano. La clinique des stars accueille « les sommets mondiaux du football et de l’économie », rit-il. On y croise Johnny, Zidane et les grands de la finance.
http://www.leparisien.fr/home/sports/psg/articles/RENCONTRE-AVEC-UN-CONTEUR-DE-TALENT_298581712
