Après six semaines de manifestations quasi quotidiennes à Erevan dont l’objectif déclaré depuis le 1er mai est de contraindre le premier ministre Nikol Pachinian à quitter le pouvoir, l’opposition arménienne commencerait-elle à douter de l’efficacité de sa « campagne de désobéissance civile » ? Si la détermination reste forte chez les leaders du mouvement et ses principaux acteurs, elle reste limitée à un noyau dur, qui n’a pu rallier en nombre d’autres partisans et susciter ce vaste élan populaire et révolutionnaire que les tractations en cours menées par l’actuel gouvernement avec Bakou et Ankara étaient censées provoquer. Un représentant de l’opposition arménienne, et non des moindres puisqu’il s’agit d’Ichkhan Saghatélian, l’un des principaux orateurs de ces rassemblements, a ainsi fait part de ces doutes vendredi 10 juin en affirmant qu’il faudrait peut-être repenser les tactiques du « mouvement de résistance », qui est pour l’heure loin d’avoir atteint ses objectifs. I. Saghatelian a toutefois insisté sur le fait que le mouvement de protestation n’avait pas perdu en intensité et que l’ opposition n’avait nullement l’intention de le suspendre et moins encore d’y mettre un terme. “Oui, il nous faut une nouvelle tactique”, a reconnu Saghatelian devant les journalistes en ajoutant : “Ainsi, il pourrait y avoir des changements dans nos initiatives et nos actions. Actuellement, nous sommes engagés dans d’actives discussions et nous opérerons quelques changements dans nos initiatives et actions”, sans préciser la nature de ces changements. “Le mouvement ne saurait s’interrompre car sa fin ou sa suspension signifieraient la défaite du peuple arménien”, a précisé le leader de l’opposition, dont les principales composantes représentées au Parlement ont mobilisé des milliers de partisans presque quotidiennement depuis l’installation d’un QG de tentes sur la place de France au cœur de Erevan, le 1er mai. Ils accusent Pachinian d’être prêt à céder le contrôle du Karabagh arménien à l’Azerbaidjan et à faire plus de concessions encore au pays voisin et ennemi, au risque de mettre en péril l’existence même de l’Arménie. Pachinian et ses alliés politiques ont balayé du revers de la main les appels en vue de leur démission, en affirmant que l’opposition n’avait pas été en mesure d’obtenir le soutien populaire pour sa campagne de “désobéissance civile”. “Il n’y a pas de crise politique en Arménie”, avait conclu sèchement le ministre arménien des affaires étrangères Ararat Mirzoyan jeudi 9 juin, en écho aux déclarations d’autres responsables arméniens, en ajoutant que l’équipe politique de Pachinian avait quant à elle reçu le mandat du peuple pour diriger le pays pour cinq ans lors des élections législatives anticipées du 20 juin 2021. Pour Saghatelian, principal orateur des manifestations de l’opposition, un tel argument est sans valeur. Il estime que Pachinian ne dispose plus d’un tel mandat dans la mesure où il a rompu son engagement de campagne électorale au cours de laquelle il avait promis d’aider le peuple du Haut-Karabash à exercer son droit à l’auto-détermination. “Ils parlent maintenant de ‘rabaisser la barre’ [sur le statut du Karabagh] et de conduire le pays vers de nouvelles concessions”, a affirmé le responsable de l’opposition.
Retour sur le changement de tactique de l’opposition
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