Les ambassadeurs de France se réunissent cette semaine à Paris pour leur conférence annuelle centrée sur la « modernisation » du deuxième réseau diplomatique au monde, contraint de réduire sa voilure et mis à l’épreuve de la crise en Géorgie.
Le président Nicolas Sarkozy doit ouvrir la conférence mercredi en s’adressant aux quelque 180 diplomates de haut rang réunis.
Jeudi, ce sera autour du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, de prendre la parole pour défendre la réforme de son ministère, présentée comme « la plus importante depuis une quinzaine d’années ».
M. Kouchner doit aussi tirer les premières « leçons de la crise géorgienne ».
La France, qui assure depuis juillet la présidence de l’Union européenne, estime s’être montrée capable d’agir rapidement au nom de l’UE, faisant valider a posteriori par les 27 sa médiation.
Le ministre fera valoir le rôle de son nouveau centre de crise, doté de moyens de communications plus modernes et d’un personnel étoffé, dans la coordination des différents volets : politique, aide humanitaire, évacuation des Français et européens.
Pour Bernard Kouchner, le centre de crise est une manière de placer la culture humanitaire au coeur du Quai d’Orsay.
Les ambassadeurs, qui doivent participer à des tables rondes sur l’avenir de la relation entre l’UE et la Russie ou entre l’UE et les grands partenaires (Inde, Chine, Brésil), seront sensibilisés aux phénomènes de la mondialisation lors de la conférence, qui s’achève vendredi.
M. Kouchner veut faire du Quai d’Orsay « le ministère de la mondialisation » et compte créer une direction consacrée aux « enjeux globaux » : réalités financières, énergie, eau, matières premières ou démographie.
Cette « modernisation », accompagnée d’une poursuite de la réduction des dépenses, fait néanmoins grincer quelques dents.
« On a toujours été le meilleur élève en matière de réforme et on ne peut pas dire que nous soyons payés de retour », déplore un ambassadeur sous couvert d’anonymat.
Le Quai d’Orsay prévoit de réduire la taille d’une trentaine d’ambassades qui ne conserveront qu’un seul collaborateur aux côtés d’un jeune ambassadeur. Cette cure a été jugée préférable à leur fermeture : c’était le prix à payer pour « maintenir l’universalité » du réseau français.
Avec 158 ambassades et 21 représentations multilatérales, la France dispose du deuxième réseau diplomatique du monde après celui des Etats-Unis, un chiffre à peu près stable depuis 1990.
Des redéploiements ont permis d’ouvrir 16 ambassades, principalement dans les pays de l’Est et 5 consulats dans les pays émergeants (Chine, Inde, Russie).
Mais, depuis 1989, il y a eu 56 fermetures pour seulement 47 ouvertures d’ambassades ou consulats.
Le Quai d’Orsay a vu une baisse de 21% de ses dépenses depuis 2000 et de 11% de ses effectifs de 1997 à 2007.
