Visite du Président de la République en Arménie
La presse arménienne continue de commenter la visite d’Etat en Arménie du Président Chirac du 29 septembre au 1er
octobre. Haykakan Jamanak écrit dans son éditorial que la visite du Président Chirac a définitivement indiqué le rôle et
la place de l’Arménie dans la politique européenne ; cette visite a confirmé l’hypothèse selon laquelle l’Arménie peut
jouer un rôle notable dans l’adhésion de la Turquie à l’UE. A l’UE certains regrettent quelque peu d’avoir lancé des
négociations d’adhésion avec la Turquie. Le refus d’Ankara de reconnaître le Génocide arménien peut donc servir
l’ultime argument pour Bruxelles aux fins de retarder, voire empêcher, l’entrée de la Turquie dans la famille européenne
civilisée. Dans ce contexte deviennent plus claires, poursuit le quotidien, les raisons de la visite du Président Chirac en
Arménie au crépuscule de sa carrière politique. Cette visite était, en fait, destinée à faire passer le dernier message de
principe du Président Chirac : la Turquie ne saurait adhérer à l’UE. Ainsi l’Arménie se retrouve dans la position d’un
outil dont on sert pour faire passer des messages et via lequel l’on peut sévir à l’encontre de la Turquie.
Dans une interview accordée à Haykakan Jamanak, l’ancien Ministre des AE du MNA, Alexandre Arzoumanian
estime que la visite du Président français en Arménie a revêtu une grande solennité ; de très belles manifestations ont été
organisées, cependant les actions et les propos du Président Chirac témoignaient qu’il se trouvait mentalement plutôt en
Turquie qu’en Arménie, ce qui est compréhensible, vu l’existence de sérieux différends entre la Turquie et l’UE. La
France, on le sait tous, joue un rôle primordial dans les relations turco-européennes. Répondant à la question de savoir si
la visite du Président Chirac n’avait pas pour objectif le soutien au régime de Kotcharian à la veille des échéances
électorales, l’ancien Ministre des AE estime que les autorités arméniennes utilisent tout événement qui peut servir à leur
« public relations » ; cependant, selon son intime conviction, le chef de l’Etat français éprouve une totale indifférence à
l’égard de ces efforts des autorités arméniennes, définitivement discréditées.
Le bihebdomadaire en langue russe, Respoublika Armenia fait le bilan, sur deux pages entières (pages 4 et 5), de toute
la visite du Président Chirac et cite deux phrases qui n’ont pas été retenues par le reste des médias du Ministre des AE
français, Philippe Douste-Blazy, tenues à l’Université française où il s’était rendu :
· « La France est intéressée à l’intégration de l’Arménie à l’UE. Nous ne ménagerons pas d’efforts pour apporter
notre soutien à l’Arménie sur cette voie. Il y a d’énormes chances. Vous êtres un grand peuple intelligent ».
· Le chef de la diplomatie française, écrit Respoublika Armenia, a réagi par un sourire particulier à la question
des étudiants de l’Université française de savoir si la France pourrait être le premier Etat à reconnaître
l’indépendance du Haut Karabagh : « Pourquoi pas ? Sans doute nous aimerions le faire, mais ce conflit relève
des compétences du Groupe de Minsk. A mon avis, il revient aux deux parties de discuter de leurs problèmes.
Le Haut Karabagh a besoin d’un soutien moral et financier ».
Hayots Achkhar écrit, qu’à l’instar des forces politiques turcs et azéries qui se sont lancées dans l’hystérie à la suite des
propos de Jacques Chirac sur le génocide arménien, certaines forces politiques arméniennes dont le quotidien ne révèle
pas l’identité, ont désapprouvé l’hyper-concentration sur la question du génocide lors de la visite du Président Chirac en
Arménie. Ces forces politiques arméniennes craignent que ce fait soit plutôt nuisible que profitable à l’Arménie.
Selon Haykakan Jamanak, le commissaire européen à l’Elargissement, Olli Rehn, a déclaré, prenant à contre pied le
Président Chirac, que la reconnaissance du génocide arménien n’est pas une condition à l’entrée de la Turquie dans l’UE.
« Le point de vue de l’Union européenne sur la question est que la reconnaissance du génocide arménien n’est pas une
condition d’adhésion à l’Union ».
Affaires régionales
Conférence de presse des coprésidents du Groupe de Minsk
L’ensemble de la presse du jour accorde une abondante couverture à la conférence de presse des médiateurs du Groupe
de Minsk qui se trouvaient dans la région après quatre mois de pause. La presse arménienne estime réussie cette visite
régionale des coprésidents vu qu’ils ont pu renouer le fil d’un dialogue avec les parties et organiser une nouvelle
réunion entre les ministres des AE, Vartan Oskanian et Elmar Mammédiarov. Ceux-ci se réuniront pour la première fois
le 6 octobre à Moscou, avant une seconde rencontre une semaine ou dix jours plus tard dans un lieu non indiqué, en
présence des médiateurs. Selon les dires de Bernard Fassier, les deux réunions des Ministres des AE sauront créer un
terreau propice pour un nouveau sommet des deux chefs d’Etat. Selon Haykakan Jamanak, Matthew Bryza n’a pas
exclu que les présidents puissent se réunir à Minsk le 17 octobre en marge du sommet des Chefs d’Etat de la CEI.
Bernard Fassier a catégoriquement écarté les propos que lui ont attribués les médias azerbaïdjanais, selon lesquels il
aurait jugé déplacée la participation du HK aux négociations. Son homologue américain, Matthew Bryza s’est dit
choqué lorsqu’il a entendu sur la TV azerbaïdjanaise « Leader » une reproduction déformée de son interview selon
laquelle il aurait déclaré que le projet de résolution des pays du GUAM contribuerait au travail du Groupe de Minsk en
vue de trouver une solution au conflit, alors que le coprésident affirme avoir dit l’inverse.
« Les coprésidents n’ont plus rien à dire aux deux sociétés, il faut avoir des nerfs solides pour supporter « le cirque » de
leurs conférences de presse, écrit Haykakan Jamanak.
« Le rapport direct Erevan-Bakou s’est rétabli »- Hayastani Hanrapetoutioun
« Rencontre Oskanian-Mammédiarov à Moscou : les copréisdents ont présenté avec bonne humeur ce dont ils avaient
discuté à Bakou et à Erevan » -Azg
« Les coprésidents proposent, mais ils ne peuvent rien imposer » -Hayots Achkhar
Le représentant personnel du Président en exercice de l’OSCE, Andrzej Kasprzyk, rapporte Hayots Achkhar, n’a pas
exclu la possibilité d’une rencontre entre les Ministres de la défense d’Arménie et d’Azerbaïdjan, Serge Sarkissian et
Safar Abiev, qui pourraient discuter de la question des violations du cessez-le-feu sur la ligne de contact.
Haykakan Jamanak rapporte une dépêche de l’agence de presse azerbaïdjanaise, « Day.az » diffusant une information
« absurde », selon laquelle l’Arménie ferait des kamikazes des enfants azerbaïdjanais détenus en otages… Selon cette
agence de presse, des camps spéciaux seraient aménagés où les enfants azerbaïdjanais seraient entraînés…
Haykakan Jamanak et Hayots Achkhar reproduisent les propos de l’Ambassadeur de Turquie en Azerbaïdjan, Turan
Morel, selon lequel il est nécessaire de tisser un dialogue avec l’Arménie. « L’Azerbaïdjan et la Turquie doivent se
mettre à négocier avec l’Arménie mais il faut que cette dernière manifeste une approche bienveillante envers ces deux
Etats turcophones. Nous devons faire tout notre possible afin d’impliquer l’Arménie dans des négociations. Nous
n’éprouvons pas d’hostilité à l’égard de ce pays »…
Aravot reproduit les propos du Vice-Président dachnak de l’AN, Vahan Hovhannissian, inquiet de l’aggravation des
relations russo-géorgiennes qui aura un impact négatif sur l’économie arménienne. « Ce n’est pas la première fois que la
Russie ignore les intérêts arméniens lorsqu’il y a des problèmes entre elle et la Géorgie. Il se trouve que la Russie, notre
partenaire stratégique, ajoute au blocus de l’Arménie. Cette question doit absolument être débattue avec les collègues
russes lors de la prochaine session de la commission interparlementaire ».
Affaires intérieures
Au chapitre intérieur, la presse rapporte le discours critique qu’a fait le Président du Parti Orinats Yerkir, Arthur
Baghdassarian au Parlement, concernant la dépréciation continue du dollar américain vis-à-vis de la monnaie locale.
L’ancien président de l’AN dénonce le caractère artificiel de cette dépréciation qui frappe, au premier chef, des
centaines de milliers de familles qui subsistent grâce aux transferts en provenance de l’étranger, dont le montant au
cours des premiers sept mois de cette année s’élève à 800MUSD.
Selon Haykakan Jamanak, Arthur Baghdassarian a été interrogé à l’AN par les journalistes sur la question de savoir
s’il avait rencontré le Président Chirac. A ce sujet Arthur Baghdassarian a précisé qu’il s’était entretenu avec des hauts
fonctionnaires et des hommes politiques accompagnant le chef de l’Etat français, mais non avec Jacques Chirac.
Affaires extérieures
L’ensemble de la presse fait état de la visite officielle à Erevan du 4 au 5 octobre, du Président roumain, Traian Basescu.
Les chefs d’Etat arménien et roumain s’entretiendront en tête-à-tête et signeront une « déclaration politique commune ».
Ils assisteront à la conclusion de plusieurs accords, dont un portant sur la « coopération européenne et euro-atlantique »
entre les deux pays. Le président roumain rencontrera également le PM, Andranik Markarian et chef de l’Eglise
apostolique arménienne, Karékine II, puis s’entretiendra avec des professeurs et des étudiants de l’Université d’Erevan.
Selon Azg et Hayots Achkhar, le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, a signé une motion autorisant la
construction à Sacramento d’un mémorial dédié aux victimes du génocide arménien.
