Affaires intérieures
L’ensemble de la presse du jour fait état de l’arrestation du député de la ville d’Etchmiadzine, membre du parti
Républicain, Hakob Hakobian, dimanche dernier, par la police pour avoir pris part avec ses gardes du corps à une bagarre
au cours de laquelle il avait été fait usage d’armes à feu. Selon les autorités de Police, la querelle aurait opposé
M. Hakobian à Kevork Sarkissian et Vardan Vardanian, membres de la fédération de « Full contact », une discipline d’art
martial, devant une station de Armrosgasprom du village de Hayanist (région d’Ararat).
Le président de la fédération de
« Full contact », Hayk Vardanian, l’entraîneur de la fédération, Edgar Poghossian [membres du service de la protection d’Etat
dirigée par le chef de la sécurité du Président Kotcharian, Gricha Sarkissian], ainsi que le chauffeur du député ont été transportés
à l’hôpital avec des blessures plus ou moins graves, provoquées par cette violente querelle.
Une arme à feu de type
« Winchester » a été retrouvée sur les lieux. Les motifs de la querelle ne sont pas encore connus. M. Hakobian est en
détention dans l’isoloir du service de sécurité nationale ; il n’a pu faire valoir son immunité parlementaire ni en appeler à
une décision du Parlement dans la mesure où il est question de flagrant délit. Selon 168 Jam, le député est susceptible de
demeurer en détention au maximum 72 heures : pour la prolongation de sa détention ou pour qu’un procès verbal soit
rédigé à son encontre, il est nécessaire, en vertu de la constitution, que le procureur général saisisse l’AN et obtienne
l’approbation du parlement.
Aravot et Haykakan Jamanak se réfèrent à des sources anonymes et écrivent que l’arrestation du député ferait suite à un
règlement de compte entre lui et le chef de la sécurité du Président Kotcharian, Gricha Sarkissian, les deux ayant des
intérêts dans le secteur gazier et possédant des stations de gaz. Selon l’une des hypothèses auxquelles se réfère Aravot, un
récent différend entre ces deux personnalités, voire un non-paiement des dettes par le député à Gricha Sarkissian, aurait
entraîné la « punition » de l’élu de la ville d’Etchmiadzine…
Novoyé Vrémia rappelle que ce même député, connu sous le sobriquet « Tchoyt », a déjà eu des démêlés avec la justice,
en 2005, à Dubaï. Il avait été surpris en train de tenter de voler deux vestes en cuir dans l’un des magasins les plus prisés
de Dubaï, et n’avait alors dû sa liberté qu’aux efforts déployés par le ministère arménien des affaires étrangères et ses
collègues parlementaires…
Ce qui est paradoxal, remarquent Haykakan Jamanak, Iravounk et Aravot, c’est que ni le Président de l’AN, Tigran
Torossian, ni le chef de la fraction parlementaire du parti Républicain, Galoust Sahakian, n’ont été informés de cette
arrestation. Ils ont appris cette nouvelle des journalistes à l’occasion d’une conférence de presse. Conformément à la
législation, en cas d’arrestation d’un député le Président de l’AN est la première personnalité qui doit être informée.
« Le député Hakob Hakobian est arrêté »- Hayots Achkhar, 168 Jam
« L’odyssée de « Tchoyt » », « Le Président de l’AN n’a pas été informé »- Haykakan Jamanak
« Tchoyt est arrêté : le député d’Etchmiadzine élu au système majoritaire est accusé de la détention d’arme illégale et de
hooliganisme »- Aravot
« Le député est arrêté malgré son immunité»- Azg
Par ailleurs, l’ensemble des quotidiens fait état, en parallèle, d’un autre incident de nature criminelle, à savoir l’agression,
dimanche matin, de l’ancien Ministre de l’intérieur, ancien maire d’Erevan, le Général Souren Abrahamian, actuellement
membre du parti République (opposition), à la sortie de son domicile. Le Général a été jeté à terre par deux inconnus,
qu’il décrit comme deux jeunes gens costaux rappelant des gardes du corps, et tabassé pendant trois minutes. Les
agresseurs ont pris la fuite lorsque des gens sont venus au secours.
A l’occasion d’une conférence de presse tenue quelques heures après cet incident, l’ancien Ministre de l’Intérieur a
publiquement accusé le PM, Andranik Markarian, d’être derrière cet incident. A ses yeux le PM aurait fortement
désapprouvé ses propos selon lequel « il faut chercher des éléments criminels au sein du parti Républicain et il faut
commencer ces recherches par le PM ». Les quotidiens citent abondamment les propos émotifs du général : « J’avais
honte pour mon pays lorsque moi, un général, jeté par terre, fut tabassé par deux salauds ».
Aravot estime cependant peu probable le fait que le PM, qui ne donne guère l’impression d’être une personnalité
rancunière, puisse commanditer lui-même l’agression d’un général ; pourtant son entourage « criminel » serait capable
d’une telle « vendetta » sans que le PM en ait connaissance. Haykakan Jamanak, qui voit difficilement l’ombre du PM
derrière cette agression, n’exclut pas que cet incident soit la provocation d’une troisième force destinée à compromettre la
personnalité d’Andranik Markarian.
La réaction du PM aux accusations de la victime ne s’est pas fait attendre : « J’ai reçu tranquillement les accusations de
mes adversaires politiques et je n’ai point intention d’y répondre. Ces diffamations ressemblent à une campagne que, je
l’espère, la presse ne fera pas sienne à la veille des élections ». Le PM a cependant condamné l’agression de Souren
Abrahamian, estimant inadmissible qu’un citoyen de la République d’Arménie soit victime d’un tel incident.
Plusieurs forces politiques ont sévèrement condamné l’agression du célèbre Général ; le parti République, dont il est
membre, a fait une déclaration soulignant qu’il faut chercher les responsables de l’agression dans les hauts échelons du
Gouvernement.
Une chose est d’ores et déjà certaine, écrit Azg, cette agression complètera le dossier des incidents similaires dont aucun
n’est élucidé à ce jour.
« C’est le PM qui est responsable, insiste le membre du conseil politique du parti République. Le PM estime cependant que la
presse ne se laissera pas prendre par cette campagne »- Aravot
« L’Etat agresse son Général »- Haykakan Jamanak
« Les forces politiques arméniennes demandent d’élucider l’agression de Souren Abrahamian comme d’ailleurs les autres
incidents similaires » -Azg
Aravot fait état du décès d’un diplomate étranger accrédité en Arménie, le conseiller de l’Ambassadeur de Géorgie, Gocha
Merabichvili, à la suite de l’accident de sa voiture « Mercedes » sur la route de Gumri, le 7 octobre. Son épouse et son fils
se trouvant à l’hôpital dans un état grave.
Aravot et Iravounk annoncent le départ, aujourd’hui, du président du parti d’opposition, Orinats Yerkir, Arthur
Baghdassarian, à Londres où des rencontres avec des représentants des pouvoirs exécutif et législatif, ainsi qu’avec des
membres des partis politiques britanniques importants sont prévues. Durant ce voyage Arthur Baghdassarian accordera
des interviews aux médias britanniques dont la BBC. A la fin de la visite, il effectuera une allocution sur la situation
politique arménienne au « King College of London ».
Affaires régionales
A l’issue de la session de la commission intergouvernementale arméno-russe de la coopération économique tenue à
Moscou, le 10 octobre, le coprésident de cette commission, Serge Sarkissian a déclaré que le transport, via le territoire
géorgien, des marchandises russes à destination de l’Arménie ne sera pas suspendu. La partie arménienne en est convenue
avec la partie géorgienne. / Hayots Achkhar et Hayastani Hanrapetoutioun
Azg, Hayastani Hanrapetoutioun, Haykakan Jamanak, Aravot et 168 Jam déplorent l’assassinat de deux ressortissants
arméniens, un homme âgé de 33 ans et une femme de 22 ans, dont les noms ne sont pas révélés, dans leur appartement du
village de Kartino de la région de Moscou. La presse ne dispose pas d’autres détails.
Conflit du HK
Le Ministre des AE, Vartan Oskanian, confirme dans Hayastani Hanarapetoutioun que la prochaine rencontre avec son
homologue azerbaïdjanais aura lieu le 24 octobre à Paris. Jusque là, les deux parties ont du temps pour examiner certaines
nouvelles idées des coprésidents. Cela signifie qu’il n’y aura pas de rencontre Kotcharian-Aliev à Minsk, le 17 octobre ;
d’ailleurs le sommet des chefs d’Etat de la CEI prévu à cette date à Minsk est reporté à une date encore inconnue. En ce
qui concerne la rencontre moscovite du 6 octobre, les deux Ministres, ainsi que les médiateurs du GDM, écrit ce
quotidien, l’ont considérée comme utile et productive.
Selon Hayastani Hanrapetoutioun, le PM, Andranik Markarian s’est fait l’écho des propos du représentant personnel de
l’UE au sud Caucase Peter Semneby selon lesquels dans le règlement du conflit du HK, l’Arménie et l’Azerbaïdjan
miseraient sur le temps. « L’Arménie a présenté, à plusieurs reprises, des scénarios du règlement du conflit, alors que
l’Azerbaïdjan les a tous rejetés ».
Le PM a reconnu que l’Arménie ne saurait concurrencer l’Azerbaïdjan sur le plan
économique, mais le seul fait que les dépenses militaires de ce pays atteindront 900MUSD l’année prochaine est
révélateur de la politique de l’Azerbaïdjan de faire traîner le règlement du conflit.
Image de la France
Hayots Achkhar, Azg, Hayastani Hanrapetoutioun, 168 Jam consacrent des articles à l’hystérie d’Ankara face à
l’examen par l’AN française du fameux projet de loi socialiste et se félicitent des conditions avancées par Nicolas Sarkozy
dans une lettre adressée au PM turc en échange de la suspension de l’examen du projet de loi socialiste : création d’une
commission d’historiens et d’hommes politiques pour étudier les faits controversés ; abolition de l’article 301 du code
pénal turc qui limite la liberté d’expression ; ouverture sans retard de la frontière arménienne.
168 Jam estime cependant que ni le projet de loi du groupe socialiste, ni la détérioration supposée des relations entre
la France et la Turquie ne donneront absolument rien de positif à l’Arménie. Les 500 000 Français d’origine arménienne
devraient plutôt, au lieu de plaider si ardemment en faveur de l’adoption de ce projet de loi, demander aux forces
politiques françaises d’encourager les investissements français dans l’économie arménienne.
