La presse du jour est essentiellement consacrée à la libération de l’activiste Jirayr Sefilian et à la première rencontre des coprésidents du groupe de Minsk avec Nikol Pachinian.
Jirayr Sefilian et ses alliés libérés sous l’engagement écrit de ne pas quitter le pays / Tous les quotidiens reviennent sur la décision de la Cour d’appel de remplacer, sous la garantie des députés, la mesure préventive d’emprisonnement des accusés de l’affaire Sefilian par un engagement écrit de ne pas quitter le pays. Jirayr Sefilian, héros de la guerre du Haut Karabakh et dirigeant du mouvement d’opposition « Nouvelle Arménie » a été arrêté en 2016 car il était soupçonné d’avoir ourdi un renversement de pouvoir. Le 20 mars 2018 Sefilian avait été condamné à 10,5 ans d’emprisonnement, son compagnon d’armes Gevorg Safaryan à 5 ans, les quatre autres accusés à 4 ans d’emprisonnement pour l’acquisition, le stockage et l’utilisation illégale d’armes et de munitions. Sefilian et ses alliés considéraient leur procès comme une répression politique. Une partie de la société partageait cet avis et des manifestations avaient eu lieu tout au long du procès pour demander la libération des accusés. La cour a adouci les peines des accusés : celle de Sefilian a été ramenée à 5,5 ans d’emprisonnement et les peines des cinq autres accusés à 2 ans d’emprisonnement. Sous la garantie des députés la mesure préventive d’emprisonnement des accusés a été remplacée par un engagement écrit de ne pas quitter le pays et tous les accusés ont été libérés. Les garanties ont été présentées par sept députés de fraction « Tsaroukian » et un député de la fraction « Yelk ». La presse indique qu’à peine sorti de la salle de la Cour, Sefilian a déclaré que tous les prisonniers politiques devraient être libérés et que ces libérations devront être faites dans les jours à venir. En commentant le procès de « Sasna Tsrer » (« Enragés de Sassoun ») Sefilian a exprimé ses condoléances aux familles des policiers morts lors de la prise en otage par les « Sasna Tsrer » d’un commissariat de police en juillet 2016. « Personne ne considère les « Sasna Tsrer » comme criminels et ne pense qu’ils seraient allés dans ce commissariat avec l’intention de tuer. Nous souhaitons mettre toute la lumière sur les circonstances dans lesquelles ces meurtres ont eu lieu » a conclut Sefilian. Le quotidien Aravot indique que Sefilian a également parlé de l’importance des élections parlementaires extraordinaires en déclarant que tout le monde, y compris les « Sasna Tsrer », devaient soutenir les autorités actuelles pour aboutir à l’organisation d’élections justes. Le quotidien Jamanak prend note que ces libérations ont eu lieu dans le contexte des conflits survenus parmi les nouvelles autorités et leurs alliés. Jamanak indique que le groupe « Sasna Tsrer » dont le chef de facto serait Sefilian même avait récemment déclaré « tourner la page de la lutte armée ». Le quotidien s’interroge sur l’avenir de cette force et l’éventuelle rivalité de Sefilian et Pachinian sur la scène politique arménienne.
Première rencontre des coprésidents du groupe de Minsk avec les nouvelles autorités arméniennes / Tous les journaux rendent compte de la première rencontre entre le nouveau Premier ministre Nikol Pachinian et les coprésidents du groupe de Minsk. Lors de cette rencontre les parties ont souligné l’importance d’une régulation pacifique du conflit et du respect des accords de Vienne, St. Pétersbourg et Genève. Le quotidien Jamanak rappelle que cette visite n’est pas régionale et a vocation à permettre aux coprésidents de comprendre la position des nouvelles autorités sur le conflit. Selon Jamanak le fait que dans le communiqué officiel le retour des autorités du Haut Karabakh ne figure pas parmi les sujets abordés avec les coprésidents indiquerait qu’Erevan ne l’imposerait pas comme précondition pour la relance des négociations, mais le présenterait plutôt comme un moyen efficace de développer le processus. L’hebdomadaire 168 jam présente l’avis du politologue suisse Nikolya Hayos selon lequel dans le contexte de tension à la frontière arméno-azerbaïdjanaise et de la présentation en Azerbaïdjan de nouveaux armements récemment acquis, cette rencontre aurait une importance cruciale pour calmer la situation à la frontière. Selon l’expert, le retour des autorités du Haut Karabakh autour de la table des négociations ne serait qu’une question de temps car il n’existerait pas d’alternative.
Deuxième rencontre entre Pachinian et Poutine/ Les journaux rendent compte de la rencontre du Premier ministre arménien Nikol Pachinian avec le Président russe Vladimir Poutine, dans le cadre de sa visite à Moscou pour l’ouverture du championnat du monde de football. Les parties ont exprimé leur souhait de voir les relations stratégiques arméno-russes se développer davantage. Le Président russe a souligné le développement du commerce entre le deux pays qui depuis l’année dernière a connu une augmentation de plus de 30%, imputant cette progression à l’appartenance de l’Arménie à l’Union économique eurasiatique. Vladimir Poutine a indiqué que « compte tenu de la nature stratégique de nos relations et de l’ampleur de la coopération dans différentes directions, je pense que nos réunions sont toujours demandées ». Nikol Pachinian à son tour a déclaré que compte tenu du développement des relations arméno-russes, il y a beaucoup de sujets à aborder avec le Président russe et a exprimé son souhait d’avoir à l’avenir l’occasion de rencontrer Vladimir Poutine et de discuter de toute la portée des relations entre les deux pays. Le quotidien Aravot rappelle que malgré les rumeurs, le porte-parole du Premier ministre a déclaré que dans le cadre de la visite de Pachinian à Moscou aucune rencontre avec le Président azerbaïdjanais n’est prévue.
Rédaction : Lena Gyulkhasyan
Attachée de presse et de communication
Ambassade de France en Arménie
