Pour son 21e film, Robert Guédiguian s’est une nouvelle fois entouré de sa fidèle troupe d’amis-acteurs. Deux ans après La Villa, voilà que le réalisateur était de retour hier sur le tapis rouge de la Mostra de Venise, entouré entre autres d’Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier ou encore Grégoire Leprince-Ringuet.
Son nouveau drame s’appelle Gloria Mundi, et s’ouvre sur la naissance d’un bébé, apportant dans son sillage l’espoir au sein d’un microcosme familial qui en manque cruellement. Il s’agit ici de montrer la violence du monde du travail (précarité, pénibilité…), qui induit une certaine violence des rapports humains (agression, prostitution…).
Synopsis : Daniel (Gérard Meylan) sort de prison où il était incarcéré depuis de longues années et retourne à Marseille. Sylvie (Ariane Ascaride), son ex-femme, l’a prévenu qu’il était grand-père : leur fille Mathilda (Anaïs Demoustier), mariée à Nicolas (Robinson Stévenin), vient de donner naissance à une petite Gloria. Le temps a passé, chacun a fait ou refait sa vie… En venant à la rencontre du bébé, Daniel découvre une famille recomposée qui lutte par tous les moyens pour rester debout. Quand un coup du sort fait voler en éclats ce fragile équilibre, Daniel, qui n’a plus rien à perdre, va tout tenter pour les aider.
Se présentant en compétition à la Mostra de Venise deux jours après la projection de Guest of Honour d’Atom Egoyan, le réalisateur Robert Guédiguian a expliqué lors de sa conférence de presse du 5 septembre : « On vit une époque de grande régression. Il s’agit non pas de condamner ces personnages mais de condamner la société qui les produit. Je n’oppose pas tant que ça les jeunes aux plus anciens. Il faut décrire le monde comme il est, et comme il pourrait être. Je pense que les choses peuvent changer. »
Le Marseillais n’a rien perdu de sa révolte, lui qui se dit « en colère » contre le monde d’aujourd’hui et son « individualisme forcené« . Alors que Ken Loach faisait dans Sorry We Missed You, en compétition au dernier Festival de Cannes, un constat des dérives de l’ubérisation de la société, Robert Guédiguian, autre cinéaste social et inlassable militant, fait lui aussi la critique de l’ultralibéralisme dans Gloria Mundi. Avec ce drame, le cinéaste de 65 ans a expliqué à l’AFP vouloir « faire une sorte de constat de l’état de guerre dans lequel on est, de tous contre tous« , déplorant le fait que « l’ensemble des préoccupations individuelles a pris le pas sur les préoccupations collectives, il n’y a plus de projet d’émancipation, de projet général ». Pourtant, il ne sombre pas dans le pessimisme : « Je fais des films parce que je crois qu’on peut continuer, avec des films et d’autres activités bien sûr, des tas et des tas de manières d’agir, à réveiller les consciences« , lance l’homme de gauche engagé, autrefois communiste et qui a soutenu le chef de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon.
Gloria mundi, en compétition à la Mostra de Venise, en salles en France le 27 novembre
Un film de Robert Guédiguian (1h46)
Avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin, Lola Naymark, Grégoire Leprince-Ringuet