Le chef d’orchestre russe Mstislav Rostropovitch s’est inquiété vendredi du désintérêt croissant des Russes pour la musique classique, à dix jours d’un concert consacré au compositeur Dmitri Chostakovitch qu’il doit diriger à Moscou pour le 100ème anniversaire de sa naissance.
« Aujourd’hui, Chostakovitch est moins populaire ici qu’à l’étranger », a déploré M. Rostropovitch lors d’une conférence de presse au conservatoire de Moscou, où il a été l’étudiant des compositeurs Chostakovitch et Sergueï Prokofiev.
« Nous sommes à un stade où tout change, ce qui a pour conséquence que notre relation à la culture est affaiblie », a ajouté le célèbre violoncelliste.
« Nous sommes confrontés à un déséquilibre aujourd’hui. Il y a bien moins de gens qui vont écouter des orchestres symphoniques que des pop-stars sans goût », a-t-il ajouté.
La Russie a pourtant prévu toute une série de concerts, ballets et opéras, mais aussi émissions, à l’occasion du centenaire de Chostakovitch (1906-1975), son compositeur le plus censuré dans l’URSS et l’un des plus joué dans le monde.
A 79 ans, Rostropovich doit diriger la Huitième Symphonie de Chostakovitch et son Premier concerto pour violon lors d’un concert au conservatoire le 25 septembre.
Disant son bonheur de se produire à Moscou, où il a fait ses études, Rostropovitch a rappelé les liens qui unissaient Chostakovitch et Prokofiev.
« Nous devons soutenir les conservatoires de Moscou et Saint-Pétersbourg et aider à la formation musicale en Russie », a-t-il insisté.
Rostropovich, né à Bakou, alors capitale de la république soviétique d’Azerbaïdjan, a, comme Chostakovitch, eu des relations houleuses avec les autorités soviétiques, et s’était exilé aux Etats-Unis.