RSF: Toutes les preuves soient versées au dossier de l’assassinat de Dink

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Reporters sans frontières est outrée par les informations qui font état de la destruction de preuves alors que la deuxième audience du procès des assassins présumés du journaliste d’origine arménienne Hrant Dink s’est tenue le 1er octobre 2007 devant la 4e chambre de la cour d’assises du tribunal de Besiktas (Istanbul). Par ailleurs, l’organisation regrette la décision du juge de rejeter sa demande de se porter partie civile dans cette affaire, arguant qu’elle n’avait pas été directement affectée par la mort du journaliste.

“Des éléments prouvant que les autorités, notamment à Trabzon, avaient connaissance de projets d’assassinat de Hrant Dink, ont été délibérément ignorés. Les justice ne peut plus le nier. Pourtant elle refuse de poursuivre comme elle le devrait les membres des forces de l’ordre incriminés. C’est tout simplement scandaleux”, a déclaré Reporters sans frontières.

“Nous avons appris avec beaucoup de déception, que notre requête visant à nous constituer partie civile avait été refusée au motif que la mort de Hrant Dink ne nous affectait pas directement. Les autorités n’ont toutefois pas cru bon de nous en informer et nous l’avons su par notre correspondant local”, a précisé l’organisation.

La deuxième audience du procès des assassins présumés de Hrant Dink a été marquée par le témoignage d’Ogün Samast, qui a reconnu avoir pressé la gâchette. A la demande des avocats de la famille du journaliste, il a été entendu par la cour en l’absence de Yasin Hayal et Erhan Tuncel, désignés comme les commanditaires du crime. Le jeune criminel, a déclaré qu’il “éprouvait du remord” et qu’il n’”avait pas compris la portée de son geste” parce qu’il avait pris des stupéfiants. Il a affirmé avoir agi sous la contrainte de Yasin Hayal qui lui aurait fourni des pillules d’ecstasy. Ogün Samast a ajouté qu’il ne savait pas que le journaliste avait de la famille et que s’il l’avait su, il n’aurait pas commis ce crime. Toutefois, ses déclarations se sont avérées mensongères sur un point au moins. L’examen médical, pratiqué systématiquement lors d’une arrestation, a en effet démontré qu’Ogün Samast ne se trouvait sous l’emprise d’aucun stupéfiant.

Les débats se sont poursuivis jusqu’à 23h30 pour permettre à la cour d’entendre les témoignages d’autres prévenus, qui ont tenté de prouver l’implication du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, rebaptisé Kongra-Gel) dans l’assassinat du journaliste, voire même celle d’Israël et des Etats-Unis.

Cette audience s’est ouverte sur fond de controverse alors que des médias turcs ont diffusé quelques jours auparavant l’enregistrement d’une conversation téléphonique entre Mühittin Zenit, l’un des policiers de la ville de Trabzon et Erhan Tuncel, l’un des accusés. Cette conversation, qui se serait déroulée une demi-heure après l’assassinat du journaliste, permet d’établir que le policier avait connaisance d’un projet d’assassinat. L’avocate de la famille de Hrant Dink, Me Fethiye Cetin a également rappelé que la bande vidéo tournée par une caméra de surveillance à l’extérieur d’une banque près des locaux d’Agos a disparu après avoir été saisie par la police. « Quelque chose est dissimulé, peut-être certaines relations entre (…) le tireur et son entourage proche ont été découverts, mais pas les vrais auteurs », a estimé l’avocate. Le tribunal a, pour l’instant, décidé de ne pas intenter de poursuites contre ce policier, déjà sous le coup d‘une procédure administrative. Ce qui fait craindre aux représentants de la partie civile que ce fonctionnaire ne soit jamais inquiété pour sa responsabilité dans l’assassinat du journaliste. En revanche, le 29 septembre, le ministère de l’Intérieur a ouvert une enquête pour identifier l’auteur de la fuite ayant permis aux médias de rendre public le contenu de cette conversation.

RSF

5 octobre 2007

raffi
Author: raffi

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