L’ancien champion du monde d’échecs russe Garry Kasparov, condamné samedi à cinq jours de prison pour participation à une marche illégale à Moscou, ne peut pas recevoir de visites de son entourage, a indiqué mercredi son avocate Olga Mikhaïlova.
« J’ai essayé à deux reprises de voir mon client en détention, mais je n’ai pas été autorisée à le faire. Les responsables de la police de Moscou ne m’ont jamais expliqué pourquoi, alors que cela contredit les normes du droit international », a déclaré Mme Mikhaïlova.
Un autre ex-champion du monde d’échecs russe, Anatoly Karpov, ancien rival de M. Kasparov et membre de la Chambre civile de Russie, ainsi que le député Vladimir Ryjkov, un des leaders du parti d’opposition libérale Union des forces de droite (SPS), ont également tenté en vain de rencontrer M. Kasparov à la maison d’arrêt où il est détenu à Moscou, selon Mme Mikhaïlova.
« Les deux hommes ont essayé en vain d’obtenir un laisser-passer pour entrer dans la prison alors que leur statut (de député et membre de la Chambre civile, ndlr) les y autorise », a-t-elle dit.
M. Karpov a aussi exprimé son mécontentement de la détention de Garry Kasparov.
« Politiquement, moi et Kasparov avons des points de vue très différents, mais je suis vraiment très mécontent de ce qui lui est arrivé, d’un point de vue simplement humain », a déclaré M. Karpov à la radio française RTL.
« Il est aujourd’hui dans une situation très pénible et je suis venu vérifier que les conditions n’étaient pas trop mauvaises », a-t-il dit.
« On a passé tant de temps ensemble… on était peut être concurrents mais il s’est noué entre nous des liens indélébiles », a ajouté M. Karpov.
Contestant les affirmations de l’avocate de M. Kasparov, un porte-parole de la police de Moscou, Kirill Charov, a déclaré que « l’avocat a tout à fait le droit de rendre visite » à son client.
Quant aux autres visiteurs, ils ne peuvent avoir accès à M. Kasparov parce qu’il a été condamné pour avoir violé l’ordre public, a ajouté le porte-parole.
M. Kasparov, chef du mouvement d’opposition L’Autre Russie, a été reconnu coupable samedi soir lors d’une procédure express d’avoir marché vers la Commission électorale à l’issue d’une manifestation et d’avoir refusé d’obéir aux ordres de la police.
Seul un rassemblement avait été autorisé, pas une marche dans les rues de Moscou.
Outre M. Kasparov, sept des quelque 200 manifestants interpellés au cours du week-end à Moscou et Saint-Pétersbourg ont été condamnés à des peines de prison de trois à cinq jours.