Les présidents russe Vladimir Poutine et géorgien Mikhaïl Saakachvili ont amorcé jeudi un dégel de leurs relations, dans l’impasse depuis quatre ans, avec l’annonce d’un rétablissement prochain des liaisons aériennes entre Moscou et Tbilissi.
Recevant M. Saakachvili dans sa résidence de Novo-Ogarevo, près de Moscou, le chef de l’Etat russe a noté « une tendance à l’amélioration » des relations.
« Nous avons pris acte des déclarations du gouvernement géorgien visant à développer nos relations. Nous essaierons de répondre par la réciprocité », a déclaré M. Poutine cité par l’agence Interfax.
« Nous comptons donner une nouvelle énergie à nos relations, sinon les faire repartir à zéro », lui a répondu M. Saakachvili en l’invitant à se rendre en Géorgie « en tant que Premier ministre », poste que M. Poutine a promis d’occuper après son départ du Kremlin en mai.
Signe de détente, le ministère russe des Transports a annoncé un accord russo-géorgien sur un rétablissement des liaisons aériennes entre les deux pays, interrompues depuis octobre 2006. Selon un représentant géorgien de l’aviation civile, les vols directs pourraient être rétablis dans « deux semaines maximum ».
Ce rétablissement des vols sera un premier pas vers une levée de l’embargo économique que la Russie impose à Tbilissi depuis 2006.
Le sort des républiques séparatistes pro-russes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, en Géorgie, devait également être au menu des négociations.
Après la proclamation de l’indépendance du Kosovo reconnue par nombre de capitales occidentales, M. Saakachvili, allié des Etats-Unis et des Européens, se retrouve dans une situation délicate alors que l’Abkhazie et d’Ossétie du Sud demandent à être reconnues.
« Nous ne reconnaissons pas l’indépendance du Kosovo. Sur ce dossier, nos positions coïncident avec celles de la Russie. C’est encore un exemple que nous ne suivons les conseils de quiconque », a déclaré le vice-Premier ministre géorgien chargé de l’Intégration euro-atlantique Guiorgui Baramidzé dans une interview publiée jeudi dans le quotidien russe Vremia Novosteï.
Le premier vice-ministre russe des Affaires étrangères Andreï Denissov a une nouvelle fois assuré que Moscou ne reconnaîtrait pas les républiques indépendantistes.
Le Kosovo est un « précédent », mais « ce n’est pas une raison pour qu’on perde notre sans-froid et prenne des mesures identiques histoire de faire une crasse » aux Occidentaux, a déclaré M. Denissov dans une interview à Vremia Novosteï.
Autre sujet sensible dans les relations bilatérales : la volonté de la Géorgie de rejoindre l’Otan, très mal vue par Moscou.
Le ministre géorgien a souligné que la Géorgie pourrait s’engager à ne pas déployer des bases de pays de l’Alliance sur son territoire.
« Ce n’est pas notre adhésion à l’Otan qui inquiète la Russie mais un éventuel déploiement de bases de l’Alliance sur notre territoire. Nous prenons cela au sérieux, nous sommes prêts à en discuter et à nous mettre d’accord (avec Moscou) en attendant naturellement en échange des mesures positives de la part de la Russie », a-t-il souligné.
Les relations entre la Russie et la Géorgie n’ont cessé de se dégrader depuis l’arrivée au pouvoir en 2004 de M. Saakachvili, farouchement pro-américain et partisan de l’adhésion à l’Otan.
En novembre, M. Saakachvili avait accusé la Russie d’avoir tenté de déstabiliser son pays où des manifestations de l’opposition avaient entraîné la proclamation d’un état d’urgence et la convocation d’une présidentielle anticipée.
Réélu pour un second mandat le 5 janvier, il a visiblement baissé le ton vis-à-vis de Moscou et réciproquement.
