Sa réélection à la présidence géorgienne annoncée, Mikheïl Saakachvili semblait lundi avoir gagné son pari aux yeux de l’Occident, qui a salué un scrutin démocratique, mais il aura à diriger un pays dont une partie conteste sa victoire.
Après le comptage des suffrages dans près de 87% des bureaux de vote, M. Saakachvili était en tête avec 52,02%, devant l’opposant Levan Gatchetchiladzé (25,02%), selon les derniers chiffres publiés par la commission électorale.
Le diplomate en chef de l’Union européenne, Javier Solana, a salué le « déroulement pacifique d’une élection vraiment concurrentielle », mais s’est gardé de nommer le vainqueur et a appelé à « terminer le plus vite possible le comptage des voix ».
L’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont quant à elles salué un résultat marquant une « sortie démocratique, honnête et transparente » de la crise politique qui avait abouti à cette élection anticipée, selon les propos du président estonien Toomas Hendrik Ilves.
Ioulia Timochenko, Premier ministre de l’Ukraine et meneuse de la Révolution orange, a téléphoné à M. Saakachvili pour le féliciter.
« Nous savons bien en Ukraine à quel point il est important que tous les politiciens responsables respectent le choix démocratique de leur peuple », lui a déclaré Mme Timochenko selon son cabinet.
Et les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui ont jugé l’élection de samedi « valide », ont rejeté lundi les accusations de la Russie, laquelle avait qualifié leur analyse de « superficielle ».
Les responsables russes « n’étaient pas sur place », a lancé Alcee Hastings, membre du Congrès américain et chef de la mission d’observateurs, estimant que « leur absence était une erreur ».
« Qu’ils n’aiment pas le résultat (de l’élection), c’est leur droit, qu’ils n’aiment pas notre rapport, c’est leur droit, mais (les conclusions des observateurs) ne sont pas superficielles », a insisté M. Hastings, qui avait déclaré la veille que la « démocratie avait marqué un point triomphal en Géorgie ».
Du côté de l’Otan, le porte-parole James Appathurai a également souligné qu’il s’agissait d’une étape importante dans le développement de la démocratie.
Appelant Tbilissi à régler « toutes les irrégularités relevées par les observateurs internationaux » avant les élections législatives prévues au printemps, il a ajouté que l’Otan continuerait « d’approfondir son +dialogue intensifié+ avec la Géorgie, et de soutenir les efforts pour que les normes euro-atlantiques y soient observées ».
Les Etats-Unis ont, à leur tour, félicité les Géorgiens pour le scrutin.
L’élection a été menée « de façon largement conforme aux critères internationaux, comme l’a estimé l’OSCE », selon laquelle « cela a été un bon scrutin reflétant la volonté du peuple géorgien », a déclaré le porte-parole du département d’Etat, Sean McCormack, à la presse.
A Londres, le ministre britannique chargé des questions européennes, Jim Murphy, a aussi estimé que l’élection s’était déroulée de manière « pacifique », « démocratique » et « en conformité avec la plupart des normes électorales internationales ».
Le communiqué britannique ne mentionne toutefois pas le nom de M. Saakachvili.
L’opposition géorgienne, qui réclame un second tour, se préparait quant à elle à contester le résultat devant les tribunaux.
Tina Khidacheli, l’un des leaders de l’opposition et proche alliée de M. Saakachvili du temps de la Révolution de la rose, a déclaré lundi à l’AFP qu’elle avait déjà répertorié l’ajout de 150.000 voix au profit du président sortant.
M. Saakachvili, qui a vu son image de démocrate ternie par la répression de manifestations d’opposition et l’instauration de l’état d’urgence pendant neuf jours en novembre, avait présenté ce scrutin anticipé comme « un test pour la démocratie ».
La victoire dès le premier tour a une importance symbolique pour ce chef de file de la Révolution pro-démocratique dite « de la rose » en 2003, qui avait été élu début 2004 avec 96% des voix.
L’opposition fait planer la menace d’une manifestation mardi, en fonction de l’évolution des résultats.
Le calme régnait lundi à Tbilissi, la capitale couverte de neige où entre 5.000 et 10.000 opposants avaient manifesté la veille pour « préserver leur victoire ».
Les Géorgiens, très croyants, célébraient la Nativité orthodoxe chez eux autour du cochon de lait rôti et de tchourtchkhela, friandises traditionnelles à base de noix et de jus de raisin.
