Samvel Babayan, l’ancien chef militaire du Haut-Karabagh, a exprimé son désir de se présenter aux élections présidentielles qui se tiendront l’année prochaine sur le territoire arménien.
Dans une interview accordée au service arménien de RFE / RL, Babayan a annoncé qu’il commencerait à recueillir les signatures des habitants le mois prochain pour tenter de contourner une disposition légale l’empêchant de briguer la présidence du Karabagh.
«Je me rends compte que j’ai encore un rôle à jouer sur place, a-t-il déclaré. Je n’ai pas fini et j’essaierai de tout faire pour que je sois utile [au Karabagh.] »
Babayan, âgé de 53 ans, était le commandant de l’armée soutenue par l’Arménie du Karabagh pendant et après la guerre de 1991-1994 avec l’Azerbaïdjan. Il était largement considéré comme l’homme le plus puissant de la République non reconnue à l’époque.
Babayan a été arrêté en 2000 puis condamné à 14 ans de prison pour avoir prétendument dirigé une tentative ratée de prise de pouvoir contre le président du Karabagh de l’époque, Arkady Ghukasian. Il a été libéré en 2004.
Babayan a vécu en Russie pendant cinq ans avant de retourner en Arménie en 2016. Il a de nouveau été arrêté à Erevan en mars 2017 pour des accusations d’acquisition illégale d’armes et de blanchiment d’argent, ce qu’il a fermement nié.
L’arrestation a eu lieu environ deux semaines avant les élections législatives arméniennes. Babayan a officieusement coordonné la campagne électorale d’une alliance de l’opposition défiant le président arménien Serge Sarkissian.
Un tribunal d’Erevan a condamné le général naguère puissant à six ans de prison en novembre 2017. La Cour de cassation arménienne a annulé le verdict rendu en juin 2018, ordonnant la libération de Babayan. Cette décision intervienait plus d’un mois après le renversement de Sarkissian dans un soulèvement populaire dirigé par Nikol Pachinian, l’actuel Premier ministre arménien.
Vers la même époque, le président du Karabagh, Bako Sahakian, a annoncé qu’il ne se présenterait pas à sa propre succession à la fin de son mandat actuel, à l’horizon 2020. Sahakian est au pouvoir depuis 2007.
En vertu de la loi du Karabagh, seules les personnes qui résident au gdepuis 10 ans peuvent participer à l’élection présidentielle de 2020. Babayan ne répond donc pas à cette exigence.
Citant une autre disposition légale, l’ancien homme fort a déclaré qu’il pouvait surmonter cet obstacle si sa candidature à la présidence était soutenue par des milliers d’Arméniens du Karabagh. « Nous commencerons la collecte des signatures en mars et nous verrons ensuite si les autorités respectent ou ignorent les dispositions de la Constitution », a-t-il prévenu.
Quand on lui a demandé s’il pensait que la direction actuelle du Karabagh le laisserait entrer dans la course à la présidence, Babayan a répondu : «Lors de mon avant-dernière réunion avec Bako Sahakian, j’ai rétorqué : « Tracez une ligne et oubliez tout : tous les conflits et tous les problèmes « . Je pense qu’ils doivent comprendre que l’Arménie et le Karabagh sont à présent dans une situation si difficile qu’il n’a aucun sens de continuer à avoir de la rancune, à régler des comptes ou à se quereller avec l’une ou l’autre des personnes. «
