Sarkozy et la Turquie

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Volontariste, Nicolas Sarkozy est aussi réaliste. Il l’a montré, lundi 27 août, dans son discours devant les ambassadeurs français, à propos de la Turquie. Contrairement à ce qu’il avait laissé entendre pendant la campagne électorale, il ne s’oppose plus à la poursuite des négociations entre Ankara et l’Union européenne.

Il tient compte ainsi de deux considérations. D’une part, la France était engagée par la décision, prise à l’unanimité des vingt-cinq membres de l’UE en octobre 2005, d’ouvrir des négociations en vue de l’adhésion de la Turquie. Revenir sur cet engagement signifiait mettre dans l’embarras ceux de nos partenaires qui ont accepté d’entamer le processus bien qu’étant favorables à un « partenariat privilégié » et s’opposer de front aux autres pays qui soutiennent une participation pleine et entière de la Turquie à l’Europe.

D’autre part, un veto français à la poursuite des négociations serait arrivé au plus mauvais moment, quand la Turquie paraît justement en voie de résoudre par des moyens démocratiques la crise politique provoquée par l’élection à la tête de l’Etat d’un homme issu de la mouvance islamique.

Sur le fond, cependant, le président de la République réaffirme la conviction du candidat Sarkozy. Il reste favorable à « une association aussi étroite que possible, sans aller jusqu’à l’adhésion ». Et il pose à la poursuite des discussions entre Ankara et l’UE des conditions qui renforcent sa position. La première est la réunion d’un comité de sages chargé de répondre à la question : « Quelle Europe en 2020-2030, et pour quelles missions ? » Le sujet des frontières de l’Europe, donc de la place de la Turquie, surgira nécessairement dans ce cénacle. M. Sarkozy pose une seconde condition, plus technique. Ne pourront, selon lui, être ouverts que les chapitres n’impliquant pas l’adhésion mais compatibles avec le partenariat renforcé. C’est exactement la position adoptée dès le lendemain de l’élection présidentielle. En juin, la France a refusé l’ouverture d’un chapitre sur la coopération monétaire qui, si la discussion avait été menée à son terme, sous-entendait l’adhésion de la Turquie à l’UE.

M. Sarkozy ménage donc ses partenaires européens et le gouvernement turc des anciens islamistes, qui vient d’être réélu avec une confortable majorité, sans pour autant se renier. Il gagne du temps, convaincu que l’association la plus étroite possible sera « reconnue un jour par tous comme la formule la plus raisonnable ». La politique française rejoint ainsi l’attitude adoptée par la chancelière allemande, Angela Merkel, prise entre ses idées personnelles, qui rejoignent celles du président français, et les positions de ses alliés sociaux-démocrates de la grande coalition, plus favorables à l’adhésion. Elle a un inconvénient : elle nourrit, de chaque côté, les arrière-pensées.

Article paru dans l’édition du 29.08.07

LE MONDE

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Author: raffi

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