Selon un expert le retrait des soldats de la paix russes ne règlera pas le conflit osséto-géorgien

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« La résolution du parlement géorgien sur le retrait des soldats de la paix russes ne contribuera en rien au règlement osséto-géorgien », a estimé mercredi 15 février dans une interview à RIA Novosti Sergueï Markedonov.

Sergueï Markedonov est chef de la section des rapports interethniques à l’Institut d’analyse politique et militaire (Russie).

« Cette résolution a pour objectif principal de dénoncer les Accords de Dagomys de 1992, documents réglementant la fonction des soldats de la paix, et qui constituent une concession volontaire de la part de la Géorgie qui cède une partie de sa souveraineté sur un territoire déterminé en y autorisant le séjour de forces étrangères de maintien de la paix. En formulant sa revendication, la partie géorgienne refuse de voir en face les réalités du conflit », a indiqué l’expert.

Et de préciser: les politiciens géorgiens affirment que l’Ossétie du Sud est une partie de la Géorgie, alors que l’Ossétie du Sud n’était autrefois qu’une partie de l’ancienne RSS de Géorgie.

« Mais il n’en est rien en réalité. L’Ossétie du Sud n’a jamais été une partie de la Géorgie post-communiste. Le conflit y a éclaté en 1990 pour s’achever en 1992. Autrement dit, depuis déjà une quinzaine d’années, l’Ossétie du Sud existe en tant qu’Etat autoproclamé, et non pas comme une partie de la Géorgie. Il serait tout simplement absurde de le nier », a fait remarquer Sergueï Markedonov.

De plus, a poursuivi l’expert, l’actuel format du maintien de la paix peut évidemment ne pas arranger Tbilissi, mais il n’y en a pas d’autre pour le moment.

« Qui pourrait donc se substituer aux soldats de la paix russes dans le contexte de l’aversion réciproque que l’on observe aujourd’hui entre Géorgiens et Ossètes, dans la situation critique actuelle? On l’ignore », a noté l’expert.

D’autres questions restent également sans réponse, et ce, même si les Accords de Dagomys sont dénoncés, a poursuivi le politologue russe.
« La Géorgie ne nous dit pas, non plus, comment le problème de la définition du futur statut de l’Ossétie du Sud sera réglé, et qui financera le redressement économique de la région de Tskhinvali. En outre, la démilitarisation de la région sur laquelle la Géorgie insiste, prévoit-elle le retrait des seuls soldats de la paix russes ou des forces géorgiennes également? », a continué Sergueï Markedonov.

« Comme nous le voyons bien, les questions fondamentales du règlement du conflit y sont manifestement négligées, alors que la partie géorgienne s’applique en brandissant les Accords de Dagomys à détourner l’attention de l’opinion mondiale des problèmes réels de l’aménagement de l’Ossétie du Sud », a relevé l’expert.

« Le problème n’est pas de savoir si la Russie est pour ou contre une Géorgie unie, il est de savoir sous quelle forme sera cette Géorgie unie », a-t-il souligné.

« Si c’est une Géorgie « à la Gamsakhourdia » (ancien président géorgien – NDLR), soit une Géorgie rien que pour les Géorgiens, elle deviendra inévitablement un foyer de conflits, de nouveaux flots de réfugiés apparaîtront, et une nouvelle déstabilisation se tramera à nos frontières. Il est évident que nous ne pouvons pas admettre une telle Géorgie », a noté l’expert.

La Géorgie doit être, selon Sergueï Markedonov, « fédérale et démocratique, mais la direction géorgienne ne fait rien pour cela ».

« On observe depuis déjà longtemps un conflit dans la région géorgienne de Samtskhe-Djavakheti dont la population est à dominante arménienne. En octroyant leur autonomie aux Arméniens à Samtskhe-Djavakheti, Tbilissi pourrait faire un geste fort qui inciterait l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud à réintégrer le giron de la Géorgie (L’Abkhazie et l’Ossétie du Sud sont des républiques autoproclamées sur le territoire de la Géorgie – NDLR.) Au lieu de cela, cependant, on n’entend du côté géorgien que des déclarations très sévères et des tentatives d’intimidation », a signalé l’expert russe.

Quoi qu’il en soit, Sergueï Markedonov n’a pas exclu que la Géorgie soit prête à tout pour faire revenir dans son giron l’Ossétie du Sud.
« Le président Saakachvili a opté pour le rassemblement des territoires, mais la réalisation de son dessein patine manifestement. L’Adjarie est peuplée essentiellement de Géorgiens, et tout y a été relativement simple, alors que l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie présentent des problèmes très complexes. Mais Mikhaïl Saakachvili a besoin de manifester des résultats », a dit le politologue.

Et de rappeler qu’en 2008 se tiendront en Géorgie les élections présidentielles, et Mikhaïl Saakachvili devra faire face à des politiciens extrêmement ambitieux, dont l’actuel ministre géorgien de la Défense, Irakli Okrouachvili.

« C’est pourquoi je n’exclus pas du tout que la Géorgie puisse user de toutes les méthodes pour faire revenir dans son giron l’Ossétie du Sud », a conclu le politologue.

raffi
Author: raffi

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