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Que celui qui n’a jamais tué me jette la première pierre est un petit bijou d’humour noir, qui se lit d’une traite. Entretien avec cet auteur, compositeur et écrivain atypique.

Nouvelles d’Arménie Magazine : On connaît le chanteur, l’auteur de chansons à textes, le compositeur. Comment avez-vous eu l’idée de ce premier roman ?
Vincent Baguian :
Ce n’est pas tout à fait mon premier livre : j’ai écrit en collaboration avec Baptiste Vignol un roman d’espionnage pour la jeunesse, Emile Titan – Opération Salicorne qui a été primé, dont la suite, 10 jours pour sauver Paris est paru le 23 mars. Des services secrets français recrutent des enfants dans les écoles sans que leurs parents en aient connaissance. Ce premier roman m’a donné l’envie de continuer. J’ai été encouragé par Bernard Werber (auteur notamment de la trilogie des Fourmis) qui a trouvé le titre de l’ouvrage. J’ai toujours été fasciné par la médecine, un métier que je n’aurais pas voulu exercer, or il se trouve que dans ma belle-famille tout le monde est médecin ! J’ai ainsi bénéficié de précieux conseils, en particulier de ma belle-mère, qui m’a aidé pour le vocabulaire médical. En choisissant un médecin comme héros principal, je l’ai confronté à un rôle totalement opposé à son métier, une personne qui fait le contraire de ce que l’on attend de lui. C’était aussi le moyen d’exprimer un point de vue un peu social. Je me suis amusé à écrire un roman qui libère la parole, car notre époque nous condamne à la bienséance.

NAM : Sans dévoiler l’histoire, votre héros est un justicier qui se place au-dessus des lois humaines et divines. Doit-on y voir une morale édifiante ?
V. B.
: J’ai souhaité construire un anti-héros auquel le lecteur va s’attacher, alors qu’il devrait le rejeter en bloc. Il a la prétention de faire le bien en menant des actions répréhensibles, mais on va tout de même s’attacher à lui en dépit de cet interdit. Il défend des valeurs essentielles, pas toujours traitées comme elles devraient l’être par la société, or mon personnage est plus radical. Plus généralement, il est touchant d’être en face de ses propres contradictions car nous en avons tous, mais nous passons notre temps à les dissimuler. Je donne des cours d‘écriture dans une école à Nancy pour de jeunes auteurs, mais j’ai l’impression d’être plus jeune qu’eux : ils ont beaucoup de barrières et moi j’ai été élevé avec les chansons de Brassens qui ne caressait pas dans le sens du poil. Prenons l’exemple des chansons de messe qui ne sont pas suffisamment percutantes car elles ne parlent que de bons sentiments. Pourquoi ne pas écrire des chansons de messe qui révèlent le diable en nous ? Dans Mozart l’Opéra Rock, il fallait écrire des textes à la fois pour Mozart – un génie trop parfait – et pour Salieri qui avait du talent et de l’envie. C’était beaucoup plus difficile d’inventer des paroles pour le premier.
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NAM : Dans votre livre, l’humour tient une place importante. Y a-t-il selon vous un humour arménien ? Qu’est-ce qui vous fait rire ?
V. B. :
Je ne suis jamais posé ces questions. En Arménie, on ressent avant tout la bienveillance, le partage, la joie mêlée de tristesse. Je pense que l’humour arménien s’exprime avec une certaine retenue. Plus que l’humour, c’est la morale qui prédomine, comme en témoignent les contes. J’ai toujours eu le devoir d’être performant parce que je suis arménien et par là même je représente une communauté. Je suis fier de voir mon nom mentionné non pas parce qu’il s’agit du mien, mais parce qu’il se termine en « ian ». Depuis que j’ai écrit Je suis une tombe (interprété avec Diane Minassian), j’ai beaucoup changé, je me suis libéré en prenant conscience d’être prisonnier du génocide. Je crois qu’auparavant, je n’aurais pas risqué un humour aussi noir, même si j’avais crée des chansons perçues comme choquantes, telle que Sur Jésus j’ai fait une croix. J’ai ainsi introduit dans le roman un Arménien qui ne joue pas le beau rôle car mon père avait été trompé par un agent immobilier arménien et il avait vécu cela comme une trahison.

NAM : Avez-vous un projet d’écriture ou de chanson en lien avec l’Arménie ? Comment vivez-vous les événements en Artsakh ?
V. B. :
J’ai fait une chanson avec Mariné Gyulumyan, chanteuse et compositrice d’Arménie, à découvrir bientôt et j’aimerais écrire une chanson pour dénoncer ce qui se passe en Arménie. Je voudrais vraiment faire quelque chose d’utile pour l’Artsakh, même si je ne me vois pas prendre les armes et aller combattre. La situation nous renvoie à une forme d’impuissance dont nous sommes habités. Je n’arrive pas à comprendre comment ce pays, peuplé de gens bienveillants, peut survivre au milieu de pays dirigés par des dictateurs et des crapules. Je vais vous raconter une anecdote : j’ai eu l’occasion d’accompagner Arlette Kotchounian (également auteure et compositeure) qui n’était jamais allée en Arménie et redoutait de partir seule. Elle craignait tout simplement de se trouver isolée mais, sur place, elle a retrouvé des amis d’enfance et nous avons passé une soirée mémorable à seize dans un restaurant !

NAM : Quels sont vos projets ?
V. B. :
Je collabore avec Quentin Bécognée à l’album de la chanteuse Marjolaine Piémont, aussi bien pour l’écriture des chansons que la composition. Marjolaine a déjà donné 200 concerts mais elle n’a pas encore de maison de disque. Je fais des textes aussi pour une autre chanteuse, Maxime. J’aime écrire pour les femmes car c’est un défi. J’ai beaucoup de projets dans des directions différentes, mais mon travail d’administrateur de la SACEM et de professeur dans un- établissement dédié à la musique à Nancy me prennent beaucoup de temps. J’aimerais participer à la fondation d’une nouvelle école de musique, continuer à écrire, j’ai un projet de film… et aussi un album prêt depuis quatre ans mais pas encore sorti ! n

Propos recueillis par Lena Ichkhan

La rédaction
Author: La rédaction

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