Sortie du livre « La Turquie » par Ali Kazancigil

Se Propager
arton62176

La présentation de l’éditeur

La Turquie

Histoire & Civilisations

«Les Turcs ont été, tour à tour, des barbares et créateurs d’un grand empire» ■ «L’islamisme menace la laïcité turque» ■ «La Turquie n’a pas sa place dans l’Union européenne» ■ «La République refuse d’assumer l’extermination des Arméniens ottomans» ■ «La Turquie n’est pas une vraie démocratie»…

Issues de la tradition ou de l’air du temps, mêlant souvent vrai et faux, les idées reçues sont dans toutes les têtes. L’auteur les prend pour point de départ et apporte ici un éclairage distancié et approfondi sur ce que l’on sait ou croit savoir.

Ali Kazancigil, docteur en sciences politiques, a dirigé le pro­gramme des sciences sociales et humaines à l’Unesco. Secrétaire-Général du Conseil international des sciences sociales, il a, par le passé, enseigné à l’Université technique du Moyen-Orient et collaboré au journal Le Monde, en tant que correspondant à Ankara. Candidate à rejoindre l’Union européenne, la Turquie n’en finit pas de diviser et de faire l’actualité. L’auteur fait le point sur ce pays riche en controverses et en idées reçues, loin du «turc barbare» que l’on se figure parfois.

Les premières lignes

«L’altérité de la Turquie est-elle ontologique ?»

Depuis toujours, la Turquie et les Turcs ont suscité beaucoup d’idées reçues en Europe. Quinze d’entre elles ont été retenues ici et analysées, avec la préoccupation d’y faire la part de ce qui reflète la vérité et de ce qui relève de l’erreur. Nous espérons que le lecteur y trouvera des éléments pour se forger une opinion raisonnée sur ce pays.

Les idées reçues se nourrissent de la différence. Celle-ci implique une distance, réelle ou imaginée, par rapport à l’autre. Or, la figure du Turc présente, à cet égard, un paradoxe que l’imaginaire européen n a jamais pu résoudre : fantasmée comme l’Autre par excellence, dans le réel elle est proche, depuis bien longtemps, au travers d’innombrables interactions politiques (qui comprennent les guerres, selon la définition clausewitzienne) et culturelles avec d’autres Européens, de même que par sa volonté de s’européaniser.
Que les Turcs et leur pays présentent des différences, en particulier par rapport à l’Europe occidentale (moins vis-à-vis du Sud-Est du continent, qui a fait partie de l’Empire ottoman pendant plusieurs siècles), est une réalité indéniable. Ce qui n’a, au demeurant, rien de singulier. Au sein même de l’Union européenne, bien des particularismes distinguent les Bulgares des Irlandais, les Suédois des Portugais, ou les Français des Anglais. Mais ces différences entre pays membres sont perçues comme relatives et susceptibles d’évo­luer. En effet, l’idéal de l’union des peuples européens et d’une paix durable entre eux, implique que des particularismes identitaires, facteurs potentiels de division, soient encadrés par une citoyenneté européenne définie selon des principes universalistes. Quid, alors, de l’identité et de l’altérité des Turcs : sont-elles comparables à celles qui s’observent dans l’Union européenne, c’est-à-dire relatives et ouvertes au changement, ou non ?
De telles interrogations sont très anciennes. Récemment, elles ont ressurgi avec vigueur, autour de la question d’une adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Des Européens conservateurs, dans les pays membres en Europe occidentale (beaucoup moins chez les nouveaux membres de l’Europe centrale et orientale), estiment que l’identité de la Turquie relève d’une essence extra-européenne. Il existe, selon eux, une altérité absolue, métaphysique, inaltérable et infranchissable, se situant au-delà du politique, et qui exclurait ce pays de l’UE. Mais ce discours ignore les connaissances en sciences sociales et humaines, car elles invalident une telle conception ontologique des cultures, des sociétés et des individus. Parfois infernal, le couple identité-altérité est une construction sociale, par définition soumise au changement. La trajectoire ottomane-turque des deux derniers siècles en est une preuve. De religion musulmane et porteuses de traits empruntés aux cultures turque pré-islamique, iranienne, arabe, byzantine, grecque et arménienne, ultérieurement influencées par les Lumières, la Révolution de 1789 et la troisième République, les générations successives de réformateurs ottomans ont pris la France comme modèle. Ce processus de modernisation, d’inspiration entièrement européenne, a abouti à la création d’une république laïque et à une démocratisation. La phase actuelle de ce mouvement de longue durée concerne l’intégration à l’Union européenne.
Cet étroit lien historique privilégié est très souvent ignoré en France, y compris d’une bonne partie des élites dirigeantes et des médias. Quant à la Turquie actuelle, l’intérêt que lui portent les premières est plutôt tiède, quand il n’est pas remplacé par un rejet non dissimulé, tandis que sa couverture par les seconds laisse souvent à désirer, comparée à la qualité de celle des médias anglo-saxons et allemands. Pourtant, les entreprises françaises sont parmi les premiers investisseurs étrangers en Turquie, et la culture française y occupe encore une bonne place. Ainsi, en matière d’enseignement supérieur, un des meilleurs établissements est francophone : c’est l’université de Galatasaray, créée avec la coopération de la France.

raffi
Author: raffi

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut