Suède : Une semaine après le Rejet de la reconnaissance de génocide de 1915…

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Armenica.org

Une semaine s’est écoulée depuis que tout le monde a entendu l’argumentation du Parlement suédois et sa décision de rejeter la reconnaissance du génocide de 1915. Ci-après, un bref aperçu de son sens et de ses conséquences.

L’étonnement et le regret parmi les universitaires étaient très grands. Déjà en signant la pétition adressée au Parlement suédois, de nombreux chercheurs ont exprimé leur regret quant à la nécessité d’une telle démarche en 2008 et que, l’un des signataires suédois a exprimé le mieux : « Je suis triste et troublé par le fait que ce type de lettre soit encore nécessaire, au jour d’aujourd’hui ».

(…)

Ainsi, il ne s’agit pas seulement de la Turquie et des minorités concernées, mais aussi de la réputation de la Suède et de ses dirigeants politiques. C’est le parti qui est considéré comme le fondateur du Forum pour l’Histoire vivante et un autre qui a déjà reconnu le génocide de 1915 lors de son congrès général, qui en votant contre la reconnaissance, n’ont pas fait avancer la question. Comme l’un des chercheurs a écrit, il est très étrange que les sociaux-démocrates, qui pourtant ont été les promoteurs du Forum pour l’Histoire vivante (agence gouvernementale qui informe la société suédoise et les enseignants sur le génocide de 1915), ont refusé de reconnaître le génocide. Lors de leur congrès en août 2005, le Folkpartiet (le parti Libéral) a reconnu le génocide de 1915 et a recommandé que « l’UE devrait exercer une forte pression sur la Turquie pour reconnaître le génocide commis contre les Arméniens, les Assyriens, les Syriaques, les Chaldéens et les Grecs pontiques au cours de la Première Guerre mondiale ». Il faut mettre en pratique ce que l’on prêche…

Dans le quotidien Dagen (du 13 Juin 2008), le député Alf Svensson (démocrate-chrétien) fait observer que le parlement, après tout, a reconnu le génocide indirectement quand il a dit que « La commission aurait compris que ce qui a ravagé les Arméniens, les Assyriens, les Syriaques et les Chaldéens sous l’Empire ottoman aurait, selon la Convention de 1948, probablement été considéré comme un génocide, si elle avait été au pouvoir à ce moment-là ». Je pourrais procéder de cette façon, mais voyons la véritable nature que le refus de reconnaître le génocide de 1915, a généré en Turquie. Précisément comme les universitaires l’indiquent dans la pétition (signée par plus de 60 experts mondiaux du génocide), le refus de reconnaître un génocide n’est rien d’autre que le soutien et la complicité de son refus. La décision du Parlement suédois a été rapidement relayée par les médias turcs et l’actualité a été publiée dans plusieurs journaux. Le Hürriyet du 14 juin rapporte les propos de Egeman Bagis, membre du parti AKP (c’est-à-dire les « démocrates » au pouvoir que le Commission des Affaires étrangères suédoise souhaite promouvoir) et conseiller du Premier ministre, qui exprimant sa gratitude envers le Parlement suédois, a rejeté les « allégations arméniennes » concernant « le soi-disant génocide ». Le texte poursuit : « Près de 300.000 Arméniens et au moins autant de Turcs ont été tués dans la guerre civile où les Arméniens, soutenus par la Russie, s’étaient soulevés contre les Ottomans en 1915″. Ainsi, désormais selon le Parlement suédois, ce sont les Arméniens qui ont tué plus de Turcs et de Kurdes et non le contraire, alors que, le « reconnaissant indirectement », le génocide est simplement une « allégation arménienne ». Hürriyet, l’un des trois plus grands journaux turcs et peut-être le plus influent, est en fait considéré comme « libéral ». Il est souvent accusé de tentatives de déstabilisation du pays alors qu’il a accolé à côté de la photo d’Atatürk la maxime « Türkiye Türklerindir » (La Turquie appartient aux Turcs), dans son logo. Les journaux « Zaman », « Turkish Weekly » et d’autres font un reportage analogue. Si maintenant ceux qui sont au pouvoir en Turquie sont ‘les libéraux’, on peut imaginer ce que des « extrémistes » auraient dit du déni de génocide suédois. Ainsi, le Parlement, exactement comme il est dit dans la pétition, et contrairement à ce que le ministre des Affaires étrangères Carl Bildt et le Département Etranger ont prétendu, a directement contribué à nourrir le révisionnisme historique et les courants qui rendent la vie des minorités en Turquie insupportable.

Il convient de mentionner que le 17 Juin, l’éditeur Ragip Zarakolu a été condamné à cinq mois de prison pour avoir « insulté la nation turque » conformément au tristement célèbre article 301. Son crime : avoir publié une traduction du livre du britannique George Jerjian « La vérité nous libérera : Rapprochement entre Arméniens et Turcs », sur les massacres arméniens de 1915. Ainsi, on peut vérifier que la modification de la loi qui a eu lieu en avril 2008, contrairement à l’affirmation de la Commission des Affaires étrangères suédois citant le « paquet de réformes », le « paquet de libertés » ou le « paquet démocratie », n’est rien d’autre que de la poudre aux yeux et une mascarade. En outre, il était écrit que la recommandation de la Commission des Affaires étrangères comme motif de rejet de la reconnaissance que : « … le moment venu, il serait aventureux de perturber le lancement d’un délicat processus national », devient tout à fait sans fondement. Le refus suédois est en fait un soutien fort et clair de la ‘démocratie’ en Turquie, ce qui peut même encourager les actions et les décisions d’une Turquie qui est de toute évidence incapable de se réformer de l’intérieur. Cela ne peut, en aucune façon, promouvoir le nécessaire développement de la Turquie, ou bénéficier à la réputation de la Suède, ou aux intérêts de l’UE.

Le déroulement du vote est un très intéressant à lire. Ces 37 députés ont voté pour la reconnaissance du génocide de 1915 méritent tous des éloges et des honneurs, en particulier ceux qui ont défié la ligne de leur parti, ont mis l’accent sur la désinformation et ont suivi leurs propres principes. Après avoir interrogé certains députés qui ont voté « oui » au rejet de la reconnaissance, il est apparu clairement qu’ils ne connaissaient pas grand-chose du sujet. Les parlementaires ont, plus ou moins, aveuglément suivi la « recommandation » du Département Etranger. Ainsi, les députés qui ont voté pour le rejet suite à une désinformation, doivent ciblés par nos organisations qui, en temps utile, les informeront avec des données correctes, des résolutions, des rapports, etc. Par conséquent, en ce qui concerne les élections au Parlement Européen en 2009 et les élections suédoises en 2010, nous ferons en sorte que les députés, à la différence des parlementaires qui au cours du débat n’a pas pu répondre à une seule question pour la défense de la décision de rejet, au moins ne manqueront pas d’informations sur la question et seront en mesure de se forger leur propre opinion plutôt que de voter conformément à une directive qui se fonde manifestement sur des pièges et des erreurs.

21 Juin 2008 – Stockholm

Vahakn Avedian

Président du Conseil de l’Union des Associations Arméniennes de Suède, Rédacteur en chef de Armenica.org

source: armenica

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

http://eafjd.eu/spip.php?breve1410&lang=fr

Sur la position de la Turquie suite à ce vote, rien de nouveau. Comme le relève l’éditorialiste on peut s’étonner que quelques milliers d’Arméniens aient pu tuer près de 300.000 Turcs et Kurdes. Encore un peu, et ce sont les Arméniens qui auraient perpétré un génocide turc !

Si on prend les dirigeants turcs au pied de la lettre et que l’on appelle ‘guerre civile’ les actions d’autodéfenses des Arméniens, on peut prétendre que 300.000 Arméniens ont été tués pendant la ‘guerre civile’, mais ce que la Turquie oublie tout simplement de dire c’est que le reste des Arméniens, c’est-à-dire plus d’un million, sont morts ou ont été massacrés lors des déportations dans les déserts de la Mésopotamie.

***

raffi
Author: raffi

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