Article du lundi 4 décembre 2006
Le progrès de lyon
L’ascension du mont Ararat, culminant à 5 165 m, a suscité beaucoup de convoitises depuis deux siècles, à cause de l’Arche de Noé qui s’y trouverait. La motivation de Thierry Karibian est tout autre. La découverte d’un manuscrit de son grand-père, traduit depuis en français et peut-être destiné à être publié, a provoqué chez ce Villeurbannais le déclic d’un projet qu’il mettra dix ans à réaliser : atteindre le sommet de la montagne biblique.
La projection d’un diaporama de qualité d’une demi-heure, présentée samedi dernier en l’Eglise évangélique arménienne, a captivé un public attentif, ravi de découvrir le versant turc de l’Ararat. Certes, la plus grosse difficulté constitue à obtenir les autorisations. Cette étape pourtant franchie, une autre encore plus rude se présente : l’obtention d’un passe-droit par les autorités militaires installées aux abords du mont Ararat qu’ils peuvent fournir ou refuser au gré de leur humeur sans tenir compte des faire valoir obtenus par les autorités officielles de l’Etat turc.
Motivation et souvenirs
Thierry Karibian a un seul objectif. C’est d’arriver seul tout en haut du mont Ararat par la face Sud, malgré la présence d’un groupe de neuf personnes. Deux d’entre eux, accompagnés de deux guides, feront demi tour. Malgré le froid et le vent glacial de ce mois d’août 2004, l’Arménien de Villeurbanne refuse de répondre au guide kurde qui se renseigne sur ses origines mais qu’il devine. De toute façon, le guide lui précise de ne surtout pas dévoiler ses racines arméniennes. Le premier camp de base est installé à 3 200 m, le second à 4 200, mais l’ascension avec des chaussures à crampons sur les neiges éternelles de l’Ararat se fait très lentement. Malgré son expérience des hautes montagnes, Thierry Karibian a atteint son objectif non sans mal. Sa motivation et ses sentiments l’ont porté au sommet qu’il a voulu atteindre véritablement avec ses seuls souvenirs. Une démarche interdite puisqu’il se trouverait dans une zone militaire. Le guide a eu la grandeur d’arriver avant lui pour l’accueillir dans ses bras en prononçant le mot «Armenia».
Le moment le plus fort de cette expédition d’une quinzaine de jours a été de s’agenouiller au pic de cette montagne mythique face à la République d’Arménie, avant d’enfouir du côté de ce versant des objets personnels rappelant ses racines et son grand-père. Thierry Karibian termine son intervention en se promettant d’y retourner un jour, comme pour appeler son auditoire à aller découvrir par eux-mêmes ce paysage magique.