Le Jeudi 27 juin 2019 à 14h30 rue du Perche dans le Marais, se déroulera l’inauguration de la Cathédrale Sainte-Croix-des-Arméniens, récemment restaurée. Initiée dès 2016 par la maire de Paris, Anne Hidalgo et un mécène dans le cadre d’une convention de mécénat, cette restauration replace ce monument emblématique de la présence arménienne en France à sa juste place dans le patrimoine des monuments français et parisiens.
Tout commence en 1608, sous le bon roi Henri IV. Un percepteur d’impôt, Claude Charlot, devenu promoteur immobilier, entreprend de lotir, dans le quartier du Marais à Paris, un terrain appartenant à l’ordre des Hospitaliers. Parmi les édifices construits, un couvent de Capucins, doté d’une église construite en 1623, baptisée « de l’Immaculée Conception» dont une des ouailles les plus célèbres sera Mme de Sévigné. En 1791, sous la Révolution, l’église de la fameuse épistolière sera rebaptisée « de Saint-François d’Assise » jusqu’en 1803, où après le Concordat, elle prend le nom de « Saint-Jean-Saint-François ». Entre 1832 et 1855, l’église est substantiellement agrandie, notamment par Victor Baltard, l’architecte des Halles, et abrite un des orgues les plus prestigieux d’Europe, un Cavaillé-Coll. En 1970, l’église, fermée au culte depuis longtemps, est confiée par l’archevêque de Paris, le cardinal Marty, à la communauté arménienne, sous le nom de « Saint-Jean Sainte-Croix » qui, une fois devenue cathédrale prendra le nom de « Sainte-Croix-de-Paris », plus connue aujourd’hui sous l’appellation de « Sainte-Croix-des-Arméniens. »
La cathédrale avant les travaux de restauration
L’histoire de la cathédrale est trahie par sa décoration qui abrite tous les styles, de la Renaissance avec la statue « Saint François d’assise en extase » réalisée par Germain Pilon (1528-1590), jusqu’au Second Empire avec la chaire et le porche dessinés par Victor Baltard, en passant par les sculptures des frères Marsy au XVIIe siècle et celles de Degeorge, Gaillot et Lordon au XIXe siècle. Et bien d’autres œuvres d’art encore. A travers l’histoire de sa décoration, Sainte-Croix-des-Arméniens résume l’histoire de la France.
Pourtant, laissée sans rénovation depuis le début du XXe siècle, ces trésors disparaissaient peu à peu : détérioration des tableaux sous l’effet de la salissure et du temps, murs fendus, plafonds fissurés, coulées d’eau de pluie sur les boiseries. En 2014, un premier inventaire est réalisé par les architectes du Patrimoine, mais sans effet. C’est alors qu’un industriel d’origine arménienne (qu’on appellera le Mécène) décide d’investir et de s’investir dans le projet de rénovation de la cathédrale. Dès la fin 2015, contact est pris avec la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui décide de mener ce projet à son terme. Le 11 juillet 2016, en présence de quelques personnalités de la communauté arménienne, une convention de mécénat est signée entre la Ville de Paris et le Mécène, prélude à une mise en œuvre immédiate.
La période allant de juillet 2016 à fin 2017 a été consacré à la conception, la définition des tâches et la rédaction et l’examen des appels d’offre. La rénovation proprement dite a commencé début 2018 et a duré 14 mois, redonnant à la cathédrale tout son éclat originel. Toutes les voûtes et les parements verticaux de la nef, du chœur et de l’arrière chœur ont étés nettoyés et recouvert d’un badigeon d’harmonisation. La Gloire et le Calvaire ont retrouvé leur décor étoilé. Le Maître-autel a également retrouvé son chatoiement primitif, tout comme les sols (marbres et parquets), les lambris muraux de l’arrière-chœur et les balustrades des tribunes de la nef. Cinq tableaux et l’ensemble des vitraux ont aussi été restaurés en atelier par les meilleurs spécialistes de la restauration picturale. Le 27 juin 2019 à 11 heures, la cathédrale Sainte-Croix-des-Arméniens brillera avec toute la splendeur de ses trois siècles d’histoire.
Cette réussite est le résultat d’une collaboration étroite entre toute une série d’acteurs, dont on a cité jusqu’ici le maître d’ouvrage, la Mairie de Paris, incarné par la maire Anne Hidalgo, et le Mécène qui tient à garder l’anonymat. Mais à leur côté, l’association de l’Eparchie Sainte-Croix des Arméniens de France a également pris part à cette restauration en veillant à la cohérence du projet de conservation avec son usage culturel. Du côté matériel, la maîtrise d’œuvre a été confiée au cabinet APGO – Architecture & Patrimoine, spécialisée dans la restauration et de la réhabilitation des monuments historiques et chargée de coordonner les métiers d’art, notamment les spécialistes des Compagnons du Devoir. Le tout, sous la supervision de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de l’Île-de-France.
Au-delà de sa restauration elle-même et de son existence même au cœur de Paris, la cathédrale Sainte-Croix-des-Arméniens symbolise, certes, la présence arménienne dans l’espace culturel et spirituel français, mais encore la nécessaire alliance entre les pouvoirs publics, représentés par la Mairie de Paris, et la communauté arménienne, représentée par le Mécène et l’Eparchie, pour pérenniser cette présence et, loin de s’en servir comme un prétexte à l’enfermement du communautarisme, pour l’inscrire dans une culture et une spiritualité partagée.
René Dzagoyan
Inauguration : le jeudi 27 juin 2019 à 14h30 heures,
Cathédrale Sainte-Croix-des-Arméniens, 13 rue du Perche, 75003 Paris
Samedi 29 juin 2019 à 17h30, cérémonie religieuse accompagné par le Chœur Notre-Dame d’Arménie – les enfants de la joie, ainsi que la bénédiction de la Cathédrale Sainte-Croix des Arméniens.
Dimanche 30 juin 2019 à 11h00, divine liturgie solennelle, ainsi qu’une messe de Requiem pour la famille des bienfaiteurs. Le Chœur Notre-Dame d’Arménie – les enfants de la joie assurera les chants de la cérémonie.
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