Gagik Tsarukian, le riche homme d’affaires à la tête du parti d’opposition Arménie prospère (BHK), a clairement indiqué lundi qu’il ne paiera pas les salaires de ses employés qui ont été mis en congé en raison de l’épidémie de coronavirus.
M. Tsarukian a également critiqué les efforts du gouvernement arménien pour atténuer les conséquences économiques négatives de la crise sanitaire sans précédent.
Au début de ce mois, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence et a restreint certaines formes d’activité économique en Arménie afin de contenir la propagation du virus mortel COVID-19. Cela a conduit à la fermeture complète ou partielle de nombreuses entreprises dont les travailleurs ont été envoyés en congé sans solde.
Certaines de ces entreprises, notamment un grand casino situé juste à la sortie d’Erevan, font partie du groupe Multi de Tsarukian. Tsarukian a déclaré que le paiement des salaires de ses travailleurs ressort de la responsabilité du gouvernement, et non de la sienne. Le gouvernement devrait également cesser de percevoir des impôts du casino, a-t-il déclaré.
« Pourquoi devrais-je les payer ? » a déclaré Tsarukian aux journalistes. « L’État a décidé de déclarer l’état d’urgence et il doit [payer] son peuple … comme le père de famille doit donner de l’argent à ceux qui ne travaillent pas.
Le dirigeant de BHK a insisté sur le fait que la plupart des entreprises arméniennes gravement touchées par la crise du coronavirus n’ont pas les moyens d’indemniser leurs travailleurs pour cet arrêt. Il a affirmé que l’économie arménienne est déjà «au bord du précipice».
«M. Tsarukian vous a averti il y a deux mois qu’il y a des signes de crise économique et que des mesures doivent être prises pour que nous ne nous retrouvions pas dans une impasse», a-t-il déclaré. “Si les déclarations de M. Tsarukian avaient été prises en compte et si des mesures de précaution avait été prises, les choses n’auraient pas été ainsi”.
Tsarukian a également rejeté le plan de relance économique dévoilé par le gouvernement la semaine dernière, affirmant qu’il ne peut bénéficier qu’à une fraction des entreprises arméniennes. «Si Tsarukian était au pouvoir, il aurait fait en sorte que tout cela soit terminé», a déclaré le magnat.
Le gouvernement prévoit d’injecter 150 milliards de drams (un peu plus de 300 millions de dollars) dans l’économie nationale, principalement sous forme de subventions de prêts pour les entreprises en difficulté, mais viables et de dépenses sociales supplémentaires. Le Premier ministre Nikol Pashinian a de nouveau vanté ces mesures dans une allocution vidéo à la nation diffusée sur Facebook tard dimanche.
«Dans le contexte de la crise économique provoquée par le coronavirus, le système bancaire pourrait ne pas être enclin à prêter de l’argent, car cela pourrait être considéré comme risqué», a-t-il déclaré. «Afin de résoudre ce problème, nous avons décidé que le gouvernement participerait à ce financement et financerait de 30 à 50-60 % de divers projets [commerciaux]».
M. Pashinian a déclaré que le gouvernement accordera une attention particulière aux nouveaux projets dans les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire, car il pense que la demande mondiale de denrées alimentaires restera forte malgré la pandémie de coronavirus.
Il a en outre annoncé que les Arméniens qui perdent leur emploi à cause de la crise auront droit aux allocations de pauvreté actuellement versées aux familles à faible revenu.
Selon un Heriknaz Tigranian, député du bloc My Step de Pashinian, le gouvernement a également rédigé une loi qui obligera les employeurs privés à payer à leurs travailleurs au chômage technique l’équivalent mensuel du salaire minimum national actuellement fixé à 68 000 drams.
