Le dirigeant du parti Arménie prospère (BHK), Gagik Tsarukian, a nié hier, par l’entremise de sa porte-parole, une collaboration secrète avec la Russie, comme ce fut implicitement alléguée par un groupe d’opposition russe.
Le Centre de dossiers basé à Moscou, qui est financé par l’ancien oligarque russe en exil Mikhail Khodorkovsky, a répertorié la semaine dernière Tsarukian parmi les éventuels «agents d’influence» russes qui, selon lui, sont supervisés par un haut responsable du Kremlin.
Le responsable, Vladimir Tchernov, est un général du renseignement à la retraite qui dirige un département sur les «relations interrégionales et culturelles avec les pays étrangers» au sein de l’administration du président russe Vladimir Poutine.
Dans un article publié sur son site Web ce week-end, le Centre de dossiers a révélé ce qu’il décrivait comme des détails sur les opérations cachées du département en Arménie. En particulier, il a affirmé que le bureau de Tchernov faisait la promotion de la propagande russe et parrainait des personnalités locales de l’opposition pro-russe et des experts hostiles au Premier ministre arménien Nikol Pachinian.
Le site Web a publié des documents en ce sens, qui auraient été divulgués au groupe d’opposition. Ils comprennent une correspondance prétendument confidentielle entre les subordonnés de Tchernov et leurs contacts arméniens qui luttent pour un changement de régime en Arménie. Le dossier a également affiché une photocopie du passeport de Tsarukian qu’il prétendait avoir obtenu de la division du Kremlin.
La copie a alimenté la spéculation des médias à Erevan sur les liens non médiatisés de Tsarukian avec la Russie.
Hrachya Hakobian, député pro-gouvernemental et beau-frère de Pachinian, a carrément suggéré hier que le dirigeant du BHK pourrait être un agent russe.
«En ce qui concerne ses activités, je ne dirais pas que j’ai remarqué des choses louche, a lancé Hakobian. Mais le fait même qu’une copie de son passeport se soit retrouvé, selon le Centre des dossiers, dans un tiroir du Kremlin est assez suspect et rien ne doit être exclu.»
La porte-parole de Tsarukian, Iveta Tonoyan, a catégoriquement exclu une telle possibilité. «J’exhorte M. Hakobian à garder pour lui ses craintes et ses préoccupations propres», a-t-elle commenté.
Tonoyan a insisté sur le fait qu’elle ne savait pas comment le Kremlin aurait pu obtenir la copie du passeport de Tsarukian. Le service de sécurité nationale d’Arménie (NSS) devrait le découvrir au lieu de «chercher des ennemis à l’intérieur du pays», a-t-elle ajouté, faisant référence aux poursuites pénales controversées lancées contre le dirigeant du BHK en juin.
Le directeur du NSS, Argishti Kyaramian, avait affirmé aux journalistes lundi que son agence examinait déjà l’article du dossier. Il a dit vaguement que l’enquête pourrait révéler «les noms et prénoms arméniens ainsi que leurs passeports et signatures».
Tsarukian est connu pour être un fervent partisan des liens étroits de l’Arménie avec la Russie. Le BHK, qui est la plus grande force d’opposition parlementaire d’Arménie, a signé un mémorandum de coopération avec le parti au pouvoir Russie unie l’année dernière.
