Un eurodéputé allemand d’origine turque a estimé jeudi que « l’attitude ambiguë de l’Union européenne » dans ses négociations d’adhésion avec la Turquie expliquait le triple meurtre commis mercredi contre une maison d’édition chrétienne dans l’est du pays.
Cette ambiguïté a provoqué « une réaction dans la population turque » et « causé un problème d’identité en Turquie », selon cet eurodéputé socialiste, Vural Öger, qui participait à un déjeuner organisé à Bruxelles par l’association des entrepreneurs turcs, Tüsiad.
« La bourgeoisie turque devient de plus en plus nationaliste et la population rurale de plus en plus islamiste », a-t-il regretté.
L’Union européenne, qui reste partagée sur une adhésion à terme de la Turquie au bloc européen et a ralenti en décembre les négociations d’adhésion avec ce pays, « doit être consciente de sa responsabilité », a-t-il ajouté.
Un responsable de la Commission, Jean-Christophe Filori, également présent à ce déjeuner, a cependant rejeté toute responsabilité de l’UE dans ce drame.
« La Turquie est un pays en mutation. Comme dans toute société en mutation, certains ont du mal à l’accepter, y compris des partisans de méthodes brutales », a-t-il estimé.
L’Allemagne, présidente en exercice de l’Union européenne, a enjoint jeudi la Turquie de prendre des mesures pour protéger les libertés religieuses après les meurtres de deux Turcs et un Allemand dans la maison d’édition de Malatya, dernière en date d’une série d’attaques commises contre la minorité chrétienne.