Turquie – Arménie : Lettre ouverte aux Anatoliens

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Turquie – Arménie : Lettre ouverte aux Anatoliens

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

On ne peut que se féliciter lorsqu’on a à faire à un/une journaliste objective et neutre. C’est le cas de Madame Temelkura. Lorsqu’on a été amené à fréquenter Hrant Dink, c’est qu’il y a déjà une saine curiosité, voire une prédisposition à une ouverture d’esprit.

Il est quelque peu regrettable qu’il n’y ait pas de précisions sur les conclusions de l’enquêtrice concernant les événements de 1915. Le récit de ces événements a-t-il peu ou prou changé la perception de la journaliste ? Que pense-t-elle de la version arménienne (et de bon nombre d’étrangers) du sujet ?

Quant à la rédactrice de l’article, elle n’a pas encore fait le premier pas. Le terme ‘prétendu’ utilisé devant le mot ‘génocide’ en dit suffisamment long sur ses idées.

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Ece Temelkuran, une éminente journaliste turque, a surmonté ses préjugés et a mené une enquête sur les Arméniens, un peuple qu’elle connaissait très peu en raison d’un certain nombre d’idées fausses et d’un dialogue de sourds entre les deux nations : les Turcs et les Arméniens.

La journaliste Ece Temelkuran a suivi sa curiosité, un principe sine qua non pour les journalistes, et a décidé de faire connaissance avec les Arméniens, un peuple à qui, à l’instar de nombreux Turcs, elle a été largement indifférente tout au long de sa vie, consciemment ou inconsciemment, utilisant le terme « les autres ».

Une fois prise cette décision cruciale, la première étape de Temelkuran a consisté à effectuer une visite à Erevan en 2006, la capitale de l’Arménie, la contrée voisine de la Turquie dont les frontières sont fermées. Elle a passé huit jours à Erevan, se mêlant à la population locale pour découvrir la vie quotidienne dans cette ville ancienne.

Après son voyage en Arménie, Temelkuran a également décidé de rencontrer la diaspora arménienne, une communauté connue dans les médias pour son attitude ferme à l’égard des problèmes entre les Turcs et les Arméniens. Elle a pris l’avion pour Paris et Los Angeles où elle a rencontré certains membres de la diaspora par le biais de points de contact fournis par le journaliste Hrant Dink, le rédacteur en chef turco-arménien de hebdomadaire bilingue Agos, assassiné au pied de l’immeuble de son journal, à Istanbul.

Temelkuran raconte l’histoire des 18 mois de son périple, à Erevan, Paris et Los Angeles, dans son livre « Aðrý’nýn Derinliði » (la profondeur de Agrý), qui a été récemment publié par les Editions Everest.

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Pour Temelkuran, les Arméniens construisent leur identité en fonction de leur passé douloureux alors que les Turcs construise un avenir pour eux-mêmes sans se souvenir des événements douloureux du passé. Elle a rédigé son livre comme une longue lettre écrite à ceux qui ont du quitter l’Anatolie, mais se sentent encore liés au fond de leur cœur.

Temelkuran indique qu’elle a reçu de nombreuses menaces depuis que son livre a été publié, « mais cela ne me fais pas peur. Lorsque je me suis fixée un but, alors, je ne crains pas la peur. Certains doivent faire des choses pour la réconciliation des deux peuples, les Turcs et les Arméniens », a-t-elle souligné.

Parallèlement à la publication du livre de Temelkuran, une exposition photo a été inaugurée dans un ancien entrepôt de tabac à Tophane. Elle porte sur les photographies prises par Yurttaþ Tümer, photographe du quotidien Milliyet, et durera jusqu’au Juin 20.

Inspirée par Gaboudikian pour trouver un titre à son livre

Peu de temps après son arrivée à Erevan, Temelkuran a rencontré Silva Gaboudikian, une figure légendaire dans la poésie arménienne. Elle l’a interrogée sur les relations turco-arméniennes. Temelkuran a intitulé son livre « Aðrý’nýn Derinliði » parce qu’elle a été inspirée par une remarquable réflexion de S.Gaboudikian lors de l’interview : « Madame, pour vous ‘Ararat’ (Aðrý en turc)) pourrait se rapporter à une question de hauteur, mais pour nous c’est une question de profondeur », en référence à la profondeur du sens attribué au mont Aðrý par les Arméniens.

Peu de temps après cette interviewe, S.Gaboudikian est décédé à l’âge de 86 ans. Elle était connue comme poétesse dissidente en Arménie.

« Avant de me rendre en Arménie, je n’avais aucune idée de ce peuple dans l’esprit », a déclaré Temelkuran. « Malheureusement, une jeune Turque dont l’esprit est façonné par l’idéologie officielle de l’Etat-nation turque, ne connaît les Arméniens autrement que par un sentiments d’hostilité à leur encontre ». Temelkuran décrit ce phénomène comme une ignorance systémique, et avance que malgré son esprit curieux de journaliste, elle n’a jamais été tentée de faire des recherches sur les Arméniens durant de nombreuses années, en raison d’un manque de curiosité sur le sujet.

Remise en cause du nationalisme turc

« En chemin vers l’Arménie, mon plus grand souhait était de ne pas m’impliquer dans le débat sur les événements de 1915. C’était parce que mon but n’était pas de regarder en arrière, mais de se concentrer sur l’avenir, parce que je pense que l’on tourne en rond autour des mêmes thèmes sur les événements douloureux qui ont marqué le passé, et que cela n’améliorera pas les deux sociétés, » note-t-elle. Pourtant, elle indique qu’elle a effectuée une visite au musée de Erevan consacré au prétendu génocide arménien. « Ma partie turque était en conflit avec mon autre moitié. Toujours est-il que j’ai écoutée en silence ce qui a été dit. Et ce fut vraiment très difficile pour moi », souligne-t-elle, rappelant son conflit interne au cours de la visite du musée.

Une solitude et un sentiment d’appartenance à rien

« Sur le chemin de Paris et de Los Angeles je supposais que j’allais rencontrer les ‘durs à cuire’ que l’on appelle les Arméniens de la diaspora », a déclaré Temelkuran, en ajoutant que ses pensées étaient bouleversées après tous les voyages qu’elle a effectué.

« Au cours de mes entretiens, j’ai vu que même les plus durs des Arméniens de français ou d’Amérique ont commencé à pleurer lorsque nous avons commencé à parler des terres, de là il ou elle, était né », a-t-elle déclaré, surmontant ainsi toutes ses idées préconçues sur les Arméniens au cours de ses expériences de Paris et de Los Angeles. Maintenant, il est temps de développer le dialogue et le compromis, il est tout simplement trop difficile de vivre plus longtemps avec ce culte de la douleur, nous devons le surmonter, a-t-elle souligné.

Temelkuran a expliqué l’objectif de cette enquête : « Mon propos est de lancer un appel vers la jeunesse turque, qui déteste les Arméniens car elle ne connaît pas les événements douloureux qui se sont produits dans le passé. »

VERCÝHAN ZÝFLÝOÐLU – ISTANBUL – Turkish Daily News

source: TDN

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Author: raffi

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