Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, est préoccupé par le feu vert du parlement turc aux forces armées pour mener une opération contre les rebelles kurdes de Turquie dans le nord de l’Irak voisin, a indiqué vendredi sa porte-parole, Michèle Montas.
« Les récentes attaques du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, rebelles kurdes de Turquie, NDLR) en Turquie ont été condamnées à juste titre par la communauté internationale », a dit Mme Montas dans un communiqué.
« Mais le secrétaire général est préoccupé par la décision du parlement turc autorisant les forces armées à mener une opération transfrontière en Irak contre des cibles du PKK », ajoute le communiqué.
Il « appelle fermement toutes les parties à faire preuve de retenue en cette période délicate » et « se félicite de l’affirmation par le ministre turc des affaires étrangères (Ali Babacan, NDLR) que la Turquie est prête à discuter de tous les problèmes avec l’Irak. »
Le chef de l’ONU « appelle également le gouvernement irakien et le gouvernement régional du Kurdistan à faire en sorte que le territoire irakien ne soit pas utilisé pour lancer des attaques transfrontières contre la Turquie », conclut le texte.
C’est la seconde réaction de M. Ban à la décision du parlement turc en 24 heures.
Jeudi, il avait déjà « encouragé fortement » le gouvernement irakien et le gouvernement régional du Kurdistan à « prendre des mesures décisives » pour assurer que le territoire irakien n’est pas utilisé par le PKK pour lancer des attaques en Turquie.
Il avait estimé que « toute escalade des tensions ne ferait que compliquer les efforts de la communauté internationale, y compris ceux des Nations unies, pour apporter la stabilité à cette région instable. »
Le Parlement turc a autorisé mercredi le gouvernement à lancer si nécessaire des incursions militaires contre les rebelles du PKK dans le nord de l’Irak.
Selon Ankara, quelque 3.500 combattants du PKK –qui a déclenché en 1984 une lutte armée indépendantiste en Turquie qui a fait plus de 37.000 morts– ont trouvé refuge dans cette région et sont soutenus par les Kurdes d’Irak.
Ankara affirme ne pas avoir d’autre option que d’intervenir militairement dès lors que ni Washington ni Bagdad n’agissent contre le PKK, organisation considérée comme terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l’Union européenne.
Vendredi, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s’est dit disposé à l’organisation d’une opération militaire commune entre l’Irak et la Turquie contre les camps du PKK dans le nord de l’Irak.
Il a aussi qualifié de « positif » le fait que le gouvernement de Bagdad dirigé par Nouri al-Maliki a assuré jeudi que son objectif était d’éliminer la présence du PKK dans la région du Kurdistan où son administration a cependant très peu d’influence.
Pour leur part, les autorités autonomes du Kurdistan d’Irak se sont dites déterminées à combattre toute attaque turque contre leur territoire.
