Un rapport de l’état-major turc classant les journalistes en fonction de leur loyauté envers l’armée a provoqué une controverse jeudi, les associations de journalistes dénonçant une violation de la liberté de la presse dans ce pays aspirant à rejoindre l’Union européenne.
Dans ce document interne publié par les médias, l’armée analyse la loyauté de nombreux journalistes et commentateurs de presse travaillant pour 18 chaînes de télévision, 19 journaux, cinq agences de presse et huit magazines.
Le rapport explique pourquoi les journalistes les plus critiques envers l’armée et son rôle dans la vie politique turque seront interdits, comme dans le passé, d’accès aux événements organisés par les militaires (conférences de presse, visites guidées, etc.).
Les organes de presse pro-islamistes, dont l’armée rejette par principe toutes les demandes d’accréditation, ne figurent pas dans ce rapport.
Un communiqué laconique de l’armée a annoncé jeudi l’ouverture d’une « enquête judiciaire », sans dire si celle-ci serait interne ou viserait les médias ayant publié le rappport.
La principale association des journalistes, le Syndicat des journalistes (TGS), a dénoncé un « nouvel obstacle à la liberté de pensée et d’expression » en Turquie.
L’UE, avec laquelle Ankara a entamé en 2005 des négociations d’adhésion, a estimé dans le passé que la Turquie ne parviendrait pas à s’aligner sur les normes démocratiques de l’Union tant que ses forces armées continueraient d’exercer une influence sur les questions civiles et d’échapper à tout contrôle.
L’armée turque a par trois fois pris le pouvoir en Turquie (en 1960, 1971 et 1980) et a forcé à la démission le premier gouvernement islamiste de l’histoire turque, en 1997.