Turquie, défonceur des Droits de l’Homme

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Info Collectif VAN – www.collectifvan.org – Beau discours de Rama Yade, Secrétaire d’Etat chargé des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme, à l’occasion de l’anniversaire de la proclamation de la déclaration universelle des Droits de l’Homme : « Le silence tue, le silence fait le lit des abus présents et à venir à l’encontre des défenseurs des Droits de l’Homme, le silence est le meilleur allié de l’oppression. N’oublions jamais cette évidence. La France, elle, de par son histoire et sa vision du monde, reste mobilisée lorsque les droits les plus élémentaires sont bafoués. Le président de la République a d’ailleurs réaffirmé sans détours le 13 novembre dernier devant le parlement européen que les Droits de l’Homme étaient partie intégrante de l’identité européenne. Sa conviction est forte, inébranlable, inédite. »

Mais ces prises de position s’appliquent-elles à la Turquie ? Le 14 décembre 2007 à Bruxelles, les Chefs d’Etat de l’U.E vont, sans nul doute et malgré des déclarations destinées à faire croire le contraire, décider de poursuivre les négociations d’adhésion avec la Turquie. Il y a de fortes chances que la Turquie, grand défonceur des Droits de l’Homme, soit accueillie d’ici 2015, comme membre de l’Union européenne, pour le centenaire du génocide arménien impuni à ce jour et dont elle organise et exporte le négationnisme…

REMISE DES DROITS DE L’HOMME
DISCOURS DU SECRETAIRE D’ETAT
CHARGE DES AFFAIRES ETRANGERES
ET DES DROITS DE L’HOMME,
MME RAMA YADE

(Paris, 10 décembre 2007)

Monsieur le Président,

Monsieur le Secrétaire général,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Près de 60 ans se sont écoulés depuis la proclamation au palais de Chaillot de la déclaration universelle des Droits de l’Homme, le 10 décembre 1948.

Pourtant, en ce moment même, des milliers de voix sur les cinq continents sont encore étouffées, réduites au silence, certaines pour toujours, pour avoir simplement oser réclamer plus de justice, plus de liberté, plus d’égalité et plus de fraternité.

Les Droits de l’Homme ne vont pas de soi. Leur respect est le fruit d’un combat de tous les jours, parfois contre la tradition, souvent contre l’ordre établi, toujours contre l’ignorance et les préjugés culturels ou religieux. Les Droits de l’Homme sont le bien commun de l’Humanité et il revient à tous et à chacun de s’engager résolument aux côtés de ces hommes et femmes, qui surmontant leur peur et bravant l’oppression, luttent pour pouvoir jouir chez eux de ces mêmes droits inaliénables.

Je suis très heureuse de présider au nom du gouvernement français la remise du prix 2007 des Droits de l’Homme de la République française décerné par la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme. Comme l’a rappelé le président Thoraval, ce prix récompense les défenseurs des Droits de l’Homme, parfois connus mais le plus souvent anonymes, qui, dans des conditions extrêmement difficiles, souvent même au péril de leur vie, se battent jour après jour pour faire prévaloir l’universalité des Droits de l’Homme. Ce prix est le leur et ne fait en définitive que rendre un légitime hommage à leur courage et à leur abnégation. Il rappelle que la patrie des Droits de l’Homme n’est pas une formule galvaudée. Il s’agit bien par la remise de ce prix d’exprimer nos convictions profondes. Le silence tue, le silence fait le lit des abus présents et à venir à l’encontre des défenseurs des Droits de l’Homme, le silence est le meilleur allié de l’oppression. N’oublions jamais cette évidence. La France, elle, de par son histoire et sa vision du monde, reste mobilisée lorsque les droits les plus élémentaires sont bafoués. Le président de la République a d’ailleurs réaffirmé sans détours le 13 novembre dernier devant le parlement européen que les Droits de l’Homme étaient partie intégrante de l’identité européenne. Sa conviction est forte, inébranlable, inédite.

Le prix des Droits de l’Homme de la République française, au-delà de l’aide financière qu’il apporte à des projets concrets se veut donc un message de reconnaissance de soutien et de solidarité. Je souhaiterais que ce prix garantisse une notoriété internationale à ses bénéficiaires et, ce faisant, les protège contre l’arbitraire et la tentation récurrente des pouvoirs en place de les mettre au pas. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Mes pensées vont aujourd’hui à ces défenseurs des Droits de l’Homme que la France a honorés et qui sont constamment harcelés quand ils ne sont pas jetés en prison. Je pense à Taslima Nasreen, lauréate en 1992, aujourd’hui condamnée à changer sans cesse de domicile pour échapper à la vindicte des intégristes. Je pense à Emaddedine Baghi, lauréat en 2005, aujourd’hui en cellule d’isolement dans une prison de Téhéran pour avoir courageusement dénoncé la peine de mort en Iran. Je pense à Maître Soltani qui, après plusieurs mois de prison en Iran, est toujours privé de ses papiers. Je pense à Kamal Abbas, lauréat en 1999, dont l’ONG de défense des droits syndicaux en Egypte a été fermée et qui s’est vu infliger en première instance une peine d’un an de prison. Je veux que l’on sache aujourd’hui que la France n’oublie pas ceux qu’elle a honorés et qu’elle rappellera sans relâche aux Etats, leurs responsabilités. Je suis ainsi heureuse de saluer la présence parmi nous de Raji Sourani, lauréat 1997, qui a été autorisé à quitter Gaza suite à mon intervention et avec l’aide de la ministre des Affaires étrangères d’Israël.

Cette année, la commission consultative nationale a tenu à distinguer plus particulièrement les défenseurs qui agissent, d’une part, en faveur de la liberté d’expression et d’information et, d’autre part, en vue de l’éradication de cet insupportable fléau que constitue le trafic des êtres humains. Ce choix s’avère particulièrement judicieux et mérite d’être salué.

La liberté d’expression constitue la cible privilégiée des régimes autoritaires. Elle ne saurait être déniée. Il en va de même pour son corollaire, à savoir la liberté d’information. Il ne saurait y avoir de véritable démocratie sans média, ni journalistes libres et indépendants. Comme l’a écrit Jacques Prévert « quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie ». Je tiens à saluer chaleureusement les représentants ici présents du mouvement de défense des droits civiques en Chine, ceux du Thêatre libre de Minsk et le président de l’Institut du Caire pour l’étude des Droits de l’Homme. Leur action exemplaire justifie amplement cette récompense.

La lutte contre la traite des êtres humains doit être également l’une de nos priorités. Nous ne pouvons accepter que se perpétuent au XXIème siècle des pratiques d’un autre âge, des formes modernes d’esclavage qui réifient les corps et les esprits et nient en définitive la condition humaine. Trop de femmes sont encore l’objet de trafics à des fins sexuelles, trop de jeunes filles et de garçons sont transformés en enfants soldats ou, plus prosaïquement, sont acculés par la misère au statut d’esclaves domestiques ou sexuels. Nous devons prévenir et éradiquer ces phénomènes, mais aussi apporter soin et réconfort aux victimes tout en leur garantissant une véritable réinsertion dans la société. C’est en ce sens qu’agissent tant l’association béninoise « Enfants Solidaires d’Afrique et du Monde » que le foyer Maurice Sixto d’Haïti. Qu’ils en soient remerciés du fond du cœur et que ce prix permette de contribuer au succès de leurs projets.

Dans un an, la déclaration universelle des Droits de l’Homme aura 60 ans. Je crois que cette date offre l’occasion de conduire une nouvelle réflexion sur la réalité des Droits de l’Homme dans le monde. La France en porte la responsabilité : la déclaration a été adoptée à Paris, sa rédaction doit beaucoup à un grand Français, René Cassin, qui a œuvré aux côtés d’Eléanor Roosevelt à l’élaboration de cette Charte de l’Humanité. la France assurera alors la présidence de l’Union Européenne. Mais il ne s’agit pas de célébrer un souvenir. Les Droits de l’Homme sont un projet permanent, une construction en mouvement. Je voudrais que le 10 décembre 2008 soit le point de départ d’un nouvel élan, pas la célébration poussiéreuse d’un passé révolu. Nous devons désormais tous nous atteler à la préparation des événements qui se dérouleront autour de cette date, et je les rêve aussi larges et populaires que possible. Les Droits de l’Homme sont l’affaire de tous. Mon vœu est que le 10 décembre 2008 nous soyons tous ensemble pour le dire et en témoigner. Pour préparer ces événements, je mettrai en place dans les semaines qui viennent un « Forum droits de l’Homme 2008 », véritable plate forme de discussion où se retrouveront ONG, défenseurs des droits de l’Homme, institutions nationales et internationales. Je lui confierai des missions claires : piloter l’organisation des événements qui marqueront la date du 10 décembre prochain, concevoir un contenu éditorial pédagogique sur les Droits de l’Homme publié sur un site Internet spécialement consacré à ce sujet.

Dès ma prise de fonctions, j’ai exprimé le souhait, et je l’ai répété au mois d’août devant tous nos ambassadeurs, que nos ambassades deviennent des « maisons des Droits de l’Homme », et d’abord des maisons ouvertes aux défenseurs des Droits de l’Homme. Je souhaite aujourd’hui saluer le travail accompli par tous ceux qui dans nos ambassades se sont activés pour faire connaître ce Prix et susciter autant de candidatures intéressantes.

Notre conscience, notre histoire, mais aussi notre intérêt bien compris portent notre exigence. Il ne saurait y avoir de paix, de sécurité, de développement dans le monde sans respect des Droits de l’Homme. Telle est ma conviction profonde et je sais que c’est également la vôtre. Je vous remercie./.

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Author: raffi

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