Environ 5.000 kurdes de Turquie ont manifesté samedi près de la frontière irakienne pour dénoncer les plans turcs d’incursion militaire contre les rebelles kurdes en Irak, estimant qu’une telle opération attiserait les tensions ethniques dans la région.
La manifestation qui s’est déroulée sans incident à Silopi, ville turque la plus proche de la frontière, a été organisée par le principal parti pro-kurde du pays, le parti pour une société démocratique (DTP) et par des ONG locales.
« S’il y a une incursion militaire, ce sera la guerre entre Turcs et Kurdes », a estimé Hasan, un jeune homme de 19 ans.
L’armée turque a massé des dizaines de milliers de soldats le long de sa frontière avec l’Irak et Ankara, exaspéré par les attaques meurtrières du PKK, menace d’intervenir militairement contre leurs camps dans la montagne irakienne où sont retranchés les combattants séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Les responsables turcs accusent les autorités du Kurdistan irakien, entité autonome et alliée des Etats-Unis, de soutenir les activités du PKK.
Les manifestants ont affirmé rejeter la violence mais ont demandé de plus amples droits culturels et politiques pour les Kurdes, qui constituent une communauté de plus de 12 millions sur 73 millions d’habitants.
« Nous ne voulons pas de solution par les armes, nous voulons une solution par la plume, par voie de dialogue », a souligné Ahmet Ali, un autre manifestant.
Des mesures strictes de sécurité ont été prises à l’occasion du rassemblement mais la police n’est pas intervenue.
La manifestation intervient deux jours avant une rencontre cruciale à la Maison Blanche entre le président américain George W. Bush et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, considérée comme un ultime effort pour dissuader les Turcs de frapper les bases du PKK dans le Kurdistan irakien.
Washington a appelé Ankara à la retenue, par la voix de sa secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, qui a rencontré vendredi et samedi les dirigeants turcs, indiquant qu’une opération transfrontalière déstabiliserait le nord de l’Irak, relativement épargné de la guerre qui ravage ce pays.
