Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a défendu la récente autorisation, controversée en Turquie, de porter le voile à l’université, au nom de la « liberté d’expression », dans une interview publiée dimanche par le journal conservateur espagnol ABC.
« L’usage du voile n’est pas une manière d’islamiser (…). La mesure concerne exclusivement la liberté d’expression », assure M. Erdogan, dont le parti AKP est issu de la mouvance islamiste mais se définit aujourd’hui comme « démocrate conservateur ».
« Malheureusement, jusqu’à présent dans notre pays, celles qui voulaient aller à l’école ainsi (voilées, ndlr) ne le pouvaient pas (…), nous allons lutter pour cela », déclare le Premier ministre turc, selon la traduction en espagnol de l’entretien.
Cette réforme, proposée par le Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir, a été adoptée à une écrasante majorité au parlement, en février.
Mais elle a provoqué une vive opposition en Turquie, certains estimant qu’elle portait atteinte à la laïcité, et le Conseil d’Etat, haute cour administrative turque, a contesté en partie la mesure.
Le Premier ministre turc réaffirme parallèlement dans l’interview sa volonté d’avancer dans les négociations que la Turquie entre dans l’Union européenne, et il confirme son rejet de toute alternative à une intégration pleine et entière dans l’UE.
« Nous ne voulons pas de traités différents, mais le traité européen », déclare M. Erdogan, précisant qu’il « espère que la Slovénie », qui assure pendant le premier semestre 2008 la présidence tournante de l’UE, « sera capable d’ouvrir trois ou quatre nouveaux chapitres » de négociations en plus des six déjà ouverts entre l’UE et la Turquie.
M. Erdogan critique en outre le président français, opposé à l’adhésion de la Turquie à l’UE: « L’attitude de Nicolas Sarkozy a été très mauvaise ces dernier mois (…), nous avons des difficultés pour nous entendre quelquefois ».
« Lorsque nous nous asseyons et que nous parlons, tout est parfait. Mais une fois de retour (en Turquie, ndlr), nous entendons des choses très différentes de ce que nous avions entendu. Il faut du respect mutuel », déclare-t-il à propos de ses relations avec le président français.