Le Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir en Turquie et menacé par une procédure d’interdiction pour activités anti-laïques, envisage une modification de la Constitution pour y échapper, a indiqué lundi un responsable de l’AKP.
L’AKP pourrait déposer au Parlement d’ici la fin de la semaine une proposition visant à rendre plus difficile l’interdiction d’un parti politique, a déclaré le vice-président du parti Nihat Ergün à des journalistes.
Le procureur de la Cour de cassation a déposé le 14 mars un recours auprès de la Cour constitutionnelle réclamant la dissolution pour activités anti-laïques de l’AKP, formation issue de la mouvance islamiste.
Le réquisitoire du procureur, examiné par la Cour constitutionnelle, accuse le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et nombre de ses amis de l’AKP d’islamiser la Turquie laïque et demande qu’on leur interdise l’activité politique pendant cinq ans.
C’est la première fois qu’une telle requête est lancée contre un parti au pouvoir, même si une vingtaine de formations ont été dissoutes en Turquie depuis les années 1960.
Une révision de l’article 69 de la Constitution turque, ayant trait aux fonctions des partis politiques, « est devenue une nécessité », a estimé M. Ergün qui, sans entrer dans les détails, a laissé entendre que la proposition de l’AKP visait à rendre plus difficile l’interdiction d’un parti.
Le parti de M. Erdogan, issu de la mouvance islamiste mais qui se définit aujourd’hui comme démocrate et conservateur, est au pouvoir depuis 2002. Il a obtenu 46,6% des voix, soit 341 des 550 sièges de l’Assemblée unicamérale, aux législatives de juillet 2007.
Le procureur accuse cette formation de constituer un « foyer d’activités anti-laïques ».
« Le système actuel de dissolution d’un parti peut mettre fin au travail législatif », a souligné M. Ergün qui a rappelé que le parti pro-kurde DTP (Parti pour une société démocratique, 20 sièges au Parlement) était également visé par une procédure d’interdiction.