Turquie/UE : le handicap Sarkozy

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Info Collectif VAN – www.collectifvan.org – L’éditorialiste turc Mehmet Ali Birand signe dans le Turkish Daily News un article aux menaces à peine voilées concernant les conséquences économiques pouvant frapper la France, si Nicolas Sarkozy persistait à s’opposer à l’adhésion de la Turquie dans l’U.E. Rien de nouveau donc : la diplomatie turque (en direct ou via sa presse nationaliste) est connue pour manier chantage et intimidation. Mais il est surtout intéressant de noter la position du nouvel Ambassadeur français en Turquie vis-à vis du Président de la République française qu’il est sensé représenter : Bernard Emié aurait dit, selon Mehmet Ali Birand, que les relations bilatérales entre la France et la Turquie devraient se développer malgré le handicap Sarkozy… Le Collectif VAN vous livre la traduction de cet article.

Quand Sarkozy repousse la Turquie…

Jeudi 13 décembre 2007

La croyance générale était qu’il assouplirait sa position après les élections. Or, c’est le contraire qu’il s’est passé. Le Président français continue d’avoir une attitude sévère envers la Turquie. De fait, ses efforts pour empêcher que la Turquie ne devienne membre de l’Union européenne reviennent à leur précédente intensité. Si cette tendance ne change pas, il sera impossible de développer des relations entre la Turquie et la France. La France ne pourra plus avoir la place qu’elle tient dans nos coeur tant que Sarkozy continuera de bloquer l’accession de la Turquie à l’UE.

Mehmet Ali Birand

Le Président français Sarkozy provoque une déception croissante dans la population qui tient autant que moi aux relations entre la France et la Turquie.

Lorsqu’il s’est opposé à ce que la Turquie devienne un membre de l’UE à part entière, lors de sa campagne présidentielle contre Chirac, nous avons trouvé cela  »normal » étant données les circonstances. Nous avons dit : ”C’est de la politique. Ces slogans de campagne sont en général oubliés après les élections et la réalité reprend ses droits.”

Sarkozy a gagné les élections, mais rien n’a changé

Puis, nous avons dit, “Bien, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il effectue un revirement complet aussi vite, nous devons patienter un petit peu.” Nous avons même été un petit peu excités, lorsqu’il a montré une brève tendance à l’assouplissement de son attitude. A ce moment là, j’ai loué Sarkozy dans ce journal, disant qu’il avait initié une fine manœuvre politique.

À présent, je pense que j’avais sans doute tort.

Lorsque je passe en revue ce qu’il a dit et les articles de journaux relatant les conversations qu’il a eues avec les dirigeants de l’UE, et que j’additionne le tout, je vois que Sarkozy est en train d’essayer d’appliquer une nouvelle politique, encore plus fine, à propos de la Turquie . En d’autres mots, il est en train d’imposer à l’UE que “la Turquie devrait devenir un partenaire privilégié, et non un membre à part entière.”

Il veut que l’UE évite d’utiliser les mots ‘Turquie’ et ‘membre à part entière’ en les associant, dans des document officiels ou dans des déclarations. Il n’a peut-être pas obtenu tout ce qu’il voulait des ministres des Affaires étrangères, lors de la réunion qui s’est tenue à Bruxelles l’autre jour, mais il a réussi à changer l’objectif des négociations avec la Turquie en faisant inclure la possibilité d’un partenariat privilégié par rapport à un statut de membre. De fait, il bloque ou gèle toutes les négociations sur tous les chapitres qui indiquent l’état de membre à part entière. Il tente d’éroder et d’éliminer l’idée de membre.

Il n’est pas très subtil à ce propos d’ailleurs. Il le crie sur les toits. S’il essayait de ménager un peu la Turquie, il serait plus difficile de détecter cette politique. Cependant, le Président français répète, dès qu’il en a l’opportunité, qu’il est déterminé à bloquer l’adhésion de la Turquie en tant que membre de l’UE, et qu’il ne veut pas voir la Turquie devenir un membre à part entière, et l’UE cède à ce chantage en faisant de plus en plus de petits pas dans cette direction.

Le Palais de l’Élysée montre ouvertement “qu’il ne veut pas que la Turquie devienne membre de l’UE, et qu’il fera tout ce qu’il est en son pouvoir pour détourner les négociations de ce but.”

L’attitude adoptée par Paris sur cette question est un handicap sévère à l’adhésion de la Turquie, car la France est le moteur qui tire le train européen. Il sera très difficile d’obtenir que l’Europe fasse quoi que ce soit si la France dit  »NON ».

Je ne veux pas discuter dans cet article des raisons derrière l’attitude de Sarkozy, mais il doit y en avoir.

Cependant, nous ne devons pas nous plier au désir de la France.

Nous devons augmenter nos efforts pour que Paris change sa politique, au lieu de devenir fous et nous retirer dans notre coin. Réagir contre Sarkozy ne résoudra pas notre problème non plus. Cela ne servira qu’à accroître sa détermination.

Cependant, il doit être averti de ne pas s’attendre à grand chose de nos relations bilatérales, tant qu’il maintient sa position d’exclusion de la Turquie de l’UE.

Le projet d’entrée dans l’UE est d’une importance vitale pour la Turquie. Personne ne devrait avoir le droit de dire : “Peu importe, continuons nos relations bilatérales.”

L’attitude générale du gouvernement concernant les appels d’offres internationaux sur des sujets comme les sites nucléaires, l’équipement militaire et satellitaire, peut être résumée par, “Si quelqu’un doit profiter de la Turquie, ce ne sera pas Sarkozy, qui bloque le projet européen, mais les autres pays, ceux qui soutiennent l’adhésion de la Turquie.” Les pays européens pro Turquie essaient aussi d’influencer Ankara dans cette direction.

Le nouvel Ambassadeur français, Bernard Emié est un diplomate de valeur. Il est dommage que son arrivée en Turquie coïncide avec cette regrettable période. Lors de discussions, il a dit que les relations bilatérales devraient se développer malgré le handicap Sarkozy. De fait, il a raison de ce point de vue là.

En Turquie, il y a 250 entreprises françaises avec environ 5000 employés. Leurs investissements s’élèvent à environ 10 milliards d’euros. J’aimerais qu’il y en ait davantage, car cette situation profite autant à la Turquie qu’à la France.

Cependant, le projet européen est bien plus important pour l’avenir à long terme de la Turquie. Et donc, il sera extrêmement difficile de continuer d’avoir des relations avec la France tant que plane l’ombre de Sarkozy.

Je pense que cette déclaration revêt une signification supplémentaire, quand elle est faite, avec tant de peine, par une personne telle que moi, qui accorde une grande valeur à ces relations.

* La traduction (Nota CVAN : du turc vers l’anglais) de l’article de M.A.Birand est faite par Nuran Ýnanç. nuraninanc@gmail.com

©Traduction C.Gardon pour le Collectif VAN – 13 décembre 2007 – 08:10 – www.collectifvan.org

raffi
Author: raffi

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