UE/France – L’Union pour la Méditerranée reste contestée

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Le projet français d’Union pour la Méditerranée reste un dossier âprement débattu entre la France et l’Allemagne, malgré les efforts de la diplomatie française pour amener Berlin à se rallier au projet. Le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, s’est efforcé mardi, lors d’un colloque à Bruxelles, de désamorcer ce dossier explosif à quelques mois de la présidence française de l’UE, au second semestre de 2008. Il a tout d’abord rappelé que l’appellation initiale « Union méditerranéenne », qui devait à l’origine rassembler uniquement les pays du pourtour de la « Grande Bleue », est devenu depuis décembre « l’Union pour la Méditerranée ».

« Il n’y a pas d’Union méditerranéenne », a-t-il déclaré avant de préciser: « Le glissement sémantique n’est pas neutre. » Les pays d’Europe du Nord sont en effet partis en guerre contre l’idée originelle de Nicolas Sarkozy. « On ne peut pas faire en sorte que certains s’intéressent à la Méditerranée et d’autres à l’Ukraine », a fait valoir la chancelière allemande Angela Merkel il y a un mois devant une convention de l’UMP, le parti de Nicolas Sarkozy.

Les Allemands et leurs alliés étaient en outre outrés à l’idée de voir la France lorgner les fonds communautaires d’aide aux 12 pays du sud de la Méditerranée pour financer son projet, alors que le « processus de Barcelone » impliquant les Vingt-Sept et les « Douze » existe depuis 1995 déjà.

UN PROJET QUI RETRÉCIT AU LAVAGE

Les diplomates ne cachent pas leur mécontentement devant le projet de lancement de l’initiative le 13 juillet prochain à Paris, avec quelques pays seulement, avant d’élargir le forum à tous les membres de l’UE le 14, jour de la Fête nationale française. Un responsable allemand confirme que l’irritation de Berlin sur ce dossier est réellement à l’origine du report au 9 juin du sommet franco-allemand initialement prévu le 3 mars en Bavière, même si la France l’impute à un problème d’emploi du temps. A l’Elysée, on reconnaît qu’Henri Guaino, le conseiller spécial du président français, n’a pas réussi à convaincre les Allemands lors de sa dernière visite outre-Rhin. « Il a expliqué le point de vue de la France. Ils ont expliqué le leur », ajoute-t-on à l’Elysée. Si Henri Guaino n’a pas réussi à les convaincre, « ils n’ont pas réussi à nous convaincre non plus. Les discussions continuent ». « Ils considèrent que tout doit être fait dans le cadre euro-méditerranéen, les Vingt-Sept d’un côté, les autres de l’autre. Mais ça ne marche pas, on crée une inégalité entre un énorme bloc du Nord et le Sud, c’est déséquilibré », dit-on encore Jouyet s’est efforcé mardi d’arrondir les angles au sujet du projet français, qui retrécit progressivement à chaque lavage. « Nous devons le faire en associant pleinement tous les pays de l’Union européenne qui souhaitent s’associer à l’aventure », a-t-il expliqué mardi, en assurant qu’il ne s’agissait que de « compléter et enrichir » le processus de Barcelone. Il n’est pas question de siphonner des fonds communautaires, a-t-il affirmé, car « dès lors qu’il y a recours à des financements communautaires, cela ne peut se faire en dehors des règles de l’Union européenne ».

« Je suis pour ma part optimiste sur le fait qu’avec nos partenaires, et en particulier avec nos amis allemands, nous trouverons un accord sur les modalités », a-t-il dit. « Si, à l’occasion de notre réunion qui sera organisée sur la Méditerranée (…) nous donnons l’impression à nos partenaires, notamment allemands, de vouloir privilégier une union à côté d’une autre, nous aurons beaucoup de mal à conserver la crédibilité de la présidence française », avait-il déjà estimé dans une interview récente au Figaro.

QUELQUES PROJETS

Sa ligne l’a visiblement emporté et les émissaires français se sont efforcés lors de leurs contacts avec les capitales européennes de démontrer que le message était passé. Ils se sont voulus rassurants à l’égard de la Turquie, qui ne veut pas que l’Union méditerranéenne soit une solution de rechange à son adhésion à l’UE – que refuse Sarkozy -, ce qui a permis de désamorcer l’hostilité britannique. Israël, qui craignait de voir ses liens bilatéraux avec l’Union dissous dans un grand « machin », a obtenu l’assurance qu’il n’en serait rien et Paris a accepté de modifier l’appellation du projet en « Union pour la Méditerranée ». L’Espagne et à l’Italie, qui se sont déclarées favorables en principe aux idées de Sarkozy, ont oeuvré en coulisses pour que toute l’Union européenne soit impliquée dans le projet. La proposition de créer jusqu’à neuf agences supplémentaires et une banque méditerranéenne semble également céder du terrain. Même si le processus de Barcelone n’est pas le succès escompté lorsqu’il avait été lancé au lendemain de la signature des accords d’Oslo entre Palestiniens et Israéliens, personne ne veut jeter le bébé avec l’eau du bain. Le modèle pour l’Union pour la Méditerranée pourrait être le Conseil des Etats de la mer Baltique, créé en 1992, qui comprend des pays de la région non membres de l’UE, comme la Russie, la Norvège et l’Islande. Ce Conseil permet d’améliorer la coopération régionale sur des projets pratiques, avec un petit secrétariat. Certains pays de l’UE, comme l’Allemagne, y ont le statut d’observateur. Jouyet a lui-même estimé qu’il fallait, au sein de l’Union pour la Méditerranée, « se concentrer sur trois à cinq projets, pas plus », comme les transports ou l’énergie.

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Author: raffi

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