L’Union européenne « devra être plus ferme » avec la Russie si la crise se poursuit après la réunion clé de lundi, et envisager de créer une « centrale européenne d’achat de gaz », a déclaré Bernard Kouchner à l’hebdomaire américain Newsweek. « Nous allons voir le 8 septembre. Si ce n’est pas fini, nous devrons être plus fermes », dit le ministre des Affaires étrangères, en référence à la rencontre du président Nicolas Sarkozy, qui exerce actuellement la présidence de l’UE, avec son homologue Dmitri Medvedev, destinée à accélérer le retrait russe de Géorgie. « L’une des réactions possibles pourrait être la création d’une centrale européenne d’achat de gaz, ce qui reviendrait à établir une solidarité parmi les consommateurs », a ajouté M. Kouchner, dans cette interview publiée dans le numéro de Newsweek daté du 15 septembre. « Il s’agit d’une priorité de la présidence française de l’UE. Nous y travaillons », a-t-il poursuivi. Certains analystes estiment que la dépendance de l’UE vis-à-vis du gaz russe est accentuée par le fait que l’achat est réglementé par des accords bilatéraux. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a jugé mercredi « artificiel » d’envisager un accord centralisé, assurant que les accords bilatéraux seraient « respectés ». « La défense européenne est également une priorité de la présidence française, mais elle demandera des années », relève M. Kouchner, en rappelant que « les pays de l’ancien bloc soviétique craignent le retour d’un certain impérialisme russe ». « Je les comprends, mais nous savons aussi, et nous sommes 27, quel serait le coût d’une nouvelle guerre froide », dit-il. « Personne ne veut d’une confrontation avec la Russie », fait valoir le ministre. Après Moscou, M. Sarkozy, accompagné du président de la Commission européenne José Manuel Barroso et du diplomate en chef de l’UE Javier Solana, doit rallier lundi soir Tbilissi pour livrer au président géorgien Mikheïl Saakachvili les résultats très attendus de la discussion avec Dmitri Medvedev.
