Nous avons demandé à quelques-uns de nos journalistes et analystes les plus perspicaces d’anticiper demain, de dévoiler l’avenir, de prévoir ce que la nouvelle année pourrait réserver à notre vaste région de radiodiffusion. Parmi quelques-unes de leurs prédictions, voici ce que Josh Kucera a imaginé :
2024 pourrait-elle être l’année où l’Arménie et l’Azerbaïdjan résoudront enfin officiellement des décennies de conflit ?
Cette année, l’Azerbaïdjan a effectivement tranché – par la force – leur question la plus litigieuse : le statut du territoire contesté du Haut-Karabakh. Avec son offensive éclair en septembre, l’Azerbaïdjan a fermement placé le Karabakh sous son contrôle. Les deux parties affirment désormais être parvenues à un accord sur la plupart des questions fondamentales restantes, et les pourparlers diplomatiques, après une interruption, semblent sur le point de reprendre.
Une résolution du conflit pourrait transformer la région. Si l’Arménie et l’Azerbaïdjan font la paix, un rapprochement turco-arménien pourrait suivre rapidement. Les frontières entre les trois pays seraient alors rouvertes, ce qui mettrait fin au long isolement géographique de l’Arménie et permettrait au Caucase du Sud de tirer pleinement parti des nouveaux projets de transport visant à acheminer des marchandises entre l’Europe et l’Asie en contournant la Russie.
La paix entre l’Arménie et ses voisins pourrait également ouvrir la voie à un retrait de la Russie de la région. La coopération russo-arménienne en matière de sécurité s’est appuyée sur les menaces potentielles de l’Azerbaïdjan et de la Turquie. Ces menaces étant réduites, pourquoi les soldats russes, les forces de maintien de la paix et les gardes-frontières restent-ils sur place ?
De plus en plus d’éléments indiquent que l’Azerbaïdjan pourrait ne pas considérer qu’il est dans son intérêt de faire la paix.
Un retrait de la Russie serait un processus désordonné – Moscou détient toujours de nombreux leviers économiques en Arménie – mais Erevan pourrait demander l’aide des États-Unis et de l’Europe pour faciliter la transition. Washington et Bruxelles ont apparemment attendu dans les coulisses, poussant l’Arménie dans leur direction.
Mais rien de tout cela n’est susceptible de se produire sans un accord de paix. Et bien qu’il ne semble pas y avoir de problèmes insolubles, il y a de plus en plus d’indications que l’Azerbaïdjan pourrait ne pas considérer qu’il est dans son intérêt de faire la paix. Bakou a obtenu ce qu’il voulait le plus, à savoir le contrôle total du Karabakh, sans accord. Et le maintien d’un conflit larvé avec l’Arménie pourrait sans doute servir le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, car cela lui permettrait de continuer à s’appuyer sur une source fiable de soutien public : le ralliement contre un ennemi arménien.
Mais l’indication la plus évidente d’une stratégie plus large est peut-être l’invocation croissante par Aliev de l' »Azerbaïdjan occidental » – un concept vaguement défini faisant allusion aux Azerbaïdjanais ethniques qui vivaient autrefois sur le territoire de l’actuelle Arménie et à leur droit présumé de retourner dans leurs foyers. Cela suggère que l’Azerbaïdjan pourrait continuer à renforcer ses exigences dans l’espoir que l’Arménie finisse par jeter l’éponge, et que chacun puisse accuser l’autre d’intransigeance.
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