L’Arménie a accordé l’asile à un militant anti-gouvernement russe qui s’est installé dans le sud du Caucase en janvier dernier, après avoir purgé une peine de quatre ans d’emprisonnement en Russie.
Un document publié par le Service arménien des migrations indique que le militant Vitaly Shishkin pourrait être persécuté pour ses opinions politiques s’il était forcé de retourner en Russie.
Une porte-parole de l’agence gouvernementale, Nelly Davtian, a refusé de développer cette explication.
« J’ai reçu le statut de réfugié en Arménie au motif que je suis persécuté en Russie pour mes opinions politiques », a commenté Shishkin au service arménien de RFE / RL.
Âgé de 47 ans, ce dernier a affirmé que les forces de l’ordre russes avaient lancé un mandat d’arrêt contre lui après son départ de la Russie en janvier. Une porte-parole du Bureau du Procureur général d’Arménie a toutefois insisté sur le fait qu’il n’avait reçu aucune demande d’extradition de Moscou.
Shishkin a été arrêté en 2014 après avoir appelé à des manifestations anti-gouvernementales à Moscou. Un tribunal russe l’a ensuite condamné à quatre ans de prison pour avoir planifié des «troubles de masse» et diffusé un discours de haine.
Le groupe de défense des droits de l’homme russe Memorial a reconnu Shishkin en tant que prisonnier politique en 2015. Il l’a également qualifié de « représentant de l’aile modérée du mouvement nationaliste russe ».
Selon l’agence de presse Interfax, Shishkin dirigeait une branche régionale de l’association Russkiye. Un tribunal de Moscou a déclaré le groupe nationaliste «extrémiste» et l’a interdit en 2015.
Certains militants anti-gouvernementaux arméniens et des sites d’information ont affirmé que Shishkin avait également été impliqué dans des émeutes anti-arméniennes en 2013, provoquées par un meurtre commis à Arzamas, en Russie. Shishkin a démenti ces accusations, affirmant qu’elles étaient transmises par le service de sécurité russe du FSB.
Le militant a affirmé que la Révolution de velours de l’année dernière était l’une des raisons pour lesquelles il avait décidé de demander l’asile en Arménie : «Je sais que pour l’Arménie, la relation avec la Russie est quelque chose qui est pris très au sérieux, a-t-il dit. Il faut faire quelque chose, beaucoup doit être changé dans les relations [russo-arméniennes] car la Russie est un pays dictatorial alors que l’Arménie construit une société démocratique depuis plus d’un an. »
La décision d’Erevan d’accorder l’asile à Shishkin a été prise presque un mois après que les autorités russes ont refusé d’extrader Mihran Poghosian, un ancien haut responsable arménien qui était accusé de corruption en Arménie.
Poghosian, qui était une figure influente de l’ancien gouvernement arménien, a été arrêté en avril dans la région de Carélie, dans le nord de la Russie, en vertu d’un mandat d’arrêt arménien. Il a demandé aux autorités russes de lui accorder l’asile, affirmant que les charges retenues contre lui étaient motivées par des considérations politiques.
