L’Arménie a déclaré hier qu’un avion de combat turc F-16 est entré dans son espace aérien depuis l’Azerbaïdjan et a abattu un avion de combat arménien, en pleine poursuite des hostilités au Haut-Karabagh.
Le ministère arménien de la Défense a annoncé que l’incident s’était produit lors de frappes aériennes et d’artillerie en Azerbaïdjan contre des cibles militaires et civiles dans la province arménienne de Gegharkunik, à l’ouest du Karabagh.
Selon la porte-parole du ministère, Shushan Stepanian, les avions de combat azerbaïdjanais Su-25 et les drones d’attaque turcs Bayraktar ont visés des unités de défense aérienne arméniennes.
Stepanian a expliqué qu’un avion Su-25 de l’armée de l’air arménienne a volé vers la zone pour soutenir ces unités, et a été abattu par un avion turc F-16. Le pilote de l’avion a été tué, a-t-elle écrit dans un communiqué, ajoutant que l’incident s’était produit dans l’espace aérien arménien, à 60 kilomètres de la frontière azerbaïdjanaise.
«La Turquie mène une agression directe contre l’Arménie», a rédigé sur Facebook un autre responsable militaire arménien, Artsrun Hovannisian.
Ankara a nié avoir abattu l’avion arménien. Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a également rejeté cette information arménienne.
La Turquie a déployé plusieurs F-16 en Azerbaïdjan avant les exercices militaires conjoints azerbaïdjanais et turcs organisés en août. Des reportages ultérieurs ont prouvé qu’ils étaient restés en Azerbaïdjan après la fin des exercices.
Stepanian a expliqué que plusieurs avions turcs avaient décollé d’un aérodrome de Gyanja, la deuxième plus grande ville d’Azerbaïdjan située à plusieurs dizaines de kilomètres du nord du Karabagh, pour protéger les avions de combat et les drones azerbaïdjanais lors de leurs raids sur l’Arménie.
Plus tôt vendredi, Bakou a accusé les forces arméniennes d’avoir bombardé la région azerbaïdjanaise de Dashkesan à la frontière de Gegharkunik. Erevan a rapidement nié cela, affirmant que la partie azerbaïdjanaise «prépare le terrain» pour attaquer le territoire arménien.
Les incidents transfrontaliers ont été signalés le troisième jour des grandes hostilités le long de la «ligne de contact» arméno-azerbaïdjanaise autour du Karabagh, qui ont fait des dizaines de morts parmi les soldats des deux camps.
Le gouvernement arménien a accusé lundi Ankara d’être directement impliqué dans la pire flambée de violence dans la zone de conflit du Karabagh depuis des années.
Le Premier ministre Nikol Pachinian a qualifié la perte signalée de l’avion arménien de «preuve supplémentaire» de cette implication.
« Selon nos informations, la Turquie cherche maintenant une excuse pour une implication encore plus large dans le conflit », a dénoncé Pachinian à la télévision d’Etat russe.
Le Premier ministre a affirmé qu’Ankara cherchait spécifiquement à envoyer des troupes turques dans l’enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan à la frontière de l’Arménie, de l’Iran et de la Turquie. Il a poursuivi en exhortant la communauté internationale à «faire quitter la Turquie du Caucase du Sud», affirmant que la présence turque déstabilisait la région.
L’Arménie s’est jusqu’à présent abstenue de demander officiellement une aide militaire à la Russie ou à l’Organisation du traité collectif (OTSC) dirigée par la Russie, dont l’Arménie est membre.
Pachinian a téléphoné au président russe Vladimir Poutine. Le Kremlin a déclaré que Poutine a exprimé «sa vive préoccupation face à la poursuite des hostilités» dans la zone de conflit et a souligné le «besoin urgent» de les arrêter et de prendre «des mesures pour désamorcer la crise».
Selon la lecture officielle arménienne de l’appel, Pachinian a parlé «en détail» des conséquences de «l’agression lancée par l’Azerbaïdjan».
Les deux hommes s’étaient déjà entretenus par téléphone dimanche quelques heures après le déclenchement des combats au Karabagh. Poutine n’a pas encore parlé au président azerbaïdjanais Ilham Aliev.
La Russie a une base militaire en Arménie. Les traités russo-arméniens l’engagent à protéger les frontières internationalement reconnues du Caucase du Sud
