Un haut responsable du Contrat civil de Pachinian minimise la portée d’un enregistrement audio dans lequel un maire proche du gouvernement critique sa politique

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Quelques jours seulement après la diffusion d’enregistrements audio censés prouver que le premier ministre Nikol Pachinian aurait rejeté un plan de paix des médiateurs internationaux pour le Haut-Karabagh, bien avant la guerre de l’automne dernier qu’il aurait ainsi provoquée, un autre enregistrement vient écorner le crédit déjà bien entamé du chef de l’exécutif et de son équipe, à une semaine des élections du 20 juin. Ce clip audio, qui a été posté sur différents sites web dans la nuit du dimanche 13 juin, révélait une conversation qu’aurait eue le ministre de l’administration territoriale et des infrastructures Suren Papikian et Diana Gasparian, la maire d’Etchmiadzine affiliée au Contrat civil, le parti que Pachinian conduit aux élections pour briguer un autre mandat. Aucun des deux intéressés n’a contesté l’authenticité de l’enregistrement, dont on ne sait pas s’il a été surpris durant la campagne électorale en cours ou plus tôt dans l’année. « J’ai réalisé que pour le bien de l’Etat, il [Pachinian] devait partir”, aurait déclaré D. Gasparian en faisant une allusion sans équivoque au premier ministre sortant. “Que l’équipe choisissse quelqu’un d’autre, qu’elle vous choisisse — vous êtes la personne la plus qualifiée bénéficiant du plus fort taux de popularité – de façon à ce qu’on sorte de cette situation”, aurait-elle dit, en ajoutant : « Il est déconnecté… Son mental ne suit probablement plus, ses nerfs ont sans doute lâché. Qu’il se retire et prenne du repos. On ne peut continuer comme ça”. La mairesse âgée de 32 ans semblait de toute évidence exaspérée par la façon dont Pachinian traite ses alliés politiques. “Il oublie qu’il y a des gens qui ont des valeurs et des principes ici”, a-t-elle poursuivi en s’exclamant : “Il ne peut les fouler aux pieds tout le temps parce qu’il ne contrôle pas ses émotions”. S.Papikian, qui préside aussi la campagne électorale du Contrat civil, a répondu à D. Gasparian en la priant de “se calmer” et de “ne rien faire aujourd’hui”, en promettant de parler à Pachinian le lendemain. S.Papikian a refusé de commenter cet enregistrement alors qu’il accompagnait Pachinian lundi dans sa tournée dans la province d’Ararat, au sud-est d’Erevan. Le premier ministre a aussi refusé de répondre aux questions des journalistes. Lilit Makunts, qui dirige le groupe parlementaire de la formation au pouvoir dans le Parlement sortant, a minimisé l’événement, en désignant cet enregistrement comme un “sujé d’une importance très négigeable.”. “Nous nous concentrons sur notre campagne”, a déclaré L. Makunts devant les journalistes en ajoutant : “Nous n’en avgons pas discuté. Je n’ai aucun commentaire sur cet enregistrement”. En campagne dans les villes et villages de la province d’Ararat, Pachinian ne s’est en tout cas pas démonté et a prononcé ses discours avec la même verve, rejetant tous les torts sur les anciens dirigeants du pays qu’il affrontera dans les urnes le 20 juin. Il a à nouveau brandi un marteau, symbole du “ mandat d’acier” que le peuple lui a confié, en martelant qu’il devait continuer à diriger l’Arménie, mais d’une main plus ferme. “Avec le mandat d’acier nous arracherons toutes les mauvaises herbes, y compris à Ararat”, a déclré Pachinian devant ses partisans rassemblés à Massis, une petite localité entre Erevan et Mont Ararat. Pachinian s’était engagé à “purger” l’Etat de sa bureaucratie et à mener des “vendettas politiques” contre les responsables régionaux soutenant l’opposition arménienne en lançant sa campagne électorale la semaine dernière. Une dérive dans son discours qui avait été dénoncée par ses opposants politiques comme par les défenseurs des droits de l’homme, qui ont lancé un rappel à la bonne tenue démocratique, en déplorant ces menaces de recours à la violence et de vendetta qu’un pouvoir politique ne saurait décemment invoquer, fut-ce pour la « bonne cause »…
La ville d’Etchmiadzine, longtemps dirigée par des proches de l’ancien régime, avait basculé dans le camp de Pachinian après les scandales qui avaient éclaboussé ses édiles durant l’été 2018. La ville sainte arménienne avait été le théâtre de manifestations qui n’avaient pas épargné le Catholicossat, dont le locataire Karekine II, était accusé par certains manifestants d’être lié aux oligarques anciennement au pouvoir. Que la maire pro-Pachinian de cette ville se retourne aujourd’hui contre Pachinian, alors même que le catholicos, qui avait demandé sa démission au lendemain de la défaite face à l’Azerbaïdjan, réitère ses critiques à l’encontre du premier ministre sortant mais toujours en exercice, cela n’a donc rien d’anecdotique…

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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