Citant un fonctionnaire anonyme, le principal quotidien russe, Kommersant, a écrit vendredi que Moscou avait proposé de mettre fin à la situation actuelle de blocage de l’accès au Haut-Karabakh en ouvrant les routes d’Agdam et de Lachin.
Le journal précise que l’arrangement que les parties azerbaïdjanaise et karabaghiote avaient presque accepté n’a finalement pas été mis en œuvre.
Selon le fonctionnaire « au fait de la situation régionale », le ministre russe des affaires étrangères Sergey Lavrov a proposé d’ouvrir d’abord la route d’Agdam, par laquelle les véhicules de la Croix-Rouge achemineraient le nécessaire au Haut-Karabakh, et un jour plus tard, selon la proposition de Moscou, la route de Lachin serait ouverte.
« Une telle option a fait l’objet d’un haut niveau de préparation », a déclaré le fonctionnaire anonyme qui a parlé à Kommersant.
Mais, selon lui, les Arméniens du Karabakh ont d’abord posé comme condition que Lachin soit ouverte non pas un jour plus tard, mais simultanément, et ont ensuite exigé que les marchandises azerbaïdjanaises ne soient pas livrées via Agdam. Le journal écrit qu’un scandale lié à la détention par l’Azerbaïdjan d’un résident du Karabakh à un poste de contrôle dans le corridor de Lachin, accusé de crimes de guerre qui auraient été commis au début des années 1990, est alors apparu et que « le compromis n’a pas eu lieu ».
Selon le fonctionnaire cité par Kommersant, Moscou estime que la situation est grave et que Bakou n’est pas enclin à faire des concessions.
« Toutes les tentatives faites par nous, les organisations occidentales et internationales pour calmer la situation n’aboutissent à rien. Bakou ne recule pas », a déclaré le fonctionnaire, ajoutant que les autorités du Karabakh persistent également, en particulier, à rejeter l’option d’utiliser la route d’Agdam.
Selon le fonctionnaire russe, la route d’Agdam sera ouverte dans tous les cas.
Le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Jeyhun Bayramov, a déclaré lors d’une réunion avec le chef du bureau de la Croix-Rouge à Bakou, le 14 juillet, que l’Azerbaïdjan n’excluait pas la possibilité de « fournir une assistance » pour répondre aux besoins des Arméniens du Karabakh en utilisant la route Agdam-Stepanakert.
Un jour plus tard, le 15 juillet, après une réunion avec le Premier ministre arménien Nikol Pashinian et le Président azerbaïdjanais Ilham Aliyev à Bruxelles, le Président du Conseil européen Charles Michel a déclaré qu’en plus d’exhorter Aliyev à rouvrir le corridor de Lachin, il « a noté la volonté de l’Azerbaïdjan de fournir également des fournitures humanitaires via Agdam ».
« Je considère que les deux options sont importantes et j’encourage les livraisons humanitaires des deux côtés afin de garantir que les besoins de la population soient satisfaits », a-t-il déclaré.
Les autorités de Stepanakert ont fermement rejeté cette option, insistant sur le fait que la route d’Agdam ne peut être une alternative au corridor de Lachin, qui, ont-elles souligné, devrait rester sous le seul contrôle des forces de maintien de la paix russes, conformément aux termes de l’accord de cessez-le-feu conclu en 2020 sous l’égide de Moscou.
Commentant la publication dans le journal russe, Artur Harutiunian, membre du parlement du Haut-Karabakh, a souligné que les options alternatives ne pourraient devenir un sujet de discussion que lorsque la route de Lachin sera exploitée sans interruption.
« Nous disons clairement que nous disposons d’un corridor en vertu d’un document signé, le corridor de Lachin, qui doit fonctionner sans interruption. Une fois qu’il fonctionnera sans interruption, ces options alternatives seront déjà des questions à discuter », a déclaré le législateur de la région au service arménien de RFE/RL.
