Un journaliste turc assassiné

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TURQUIE. D’origine arménienne, Hrant Dink victime d’un crime politique.

Le Temps

Suisse

Delphine Nerbollier, Istanbul

Samedi 20 janvier 2007

Hrant Dink se savait menacé. Il l’avait une nouvelle fois écrit, dans son article daté du 10 janvier. Le dernier. «La mémoire de mon ordinateur est pleine de phrases haineuses et menaçantes. […] A quel point ces menaces sont-elles réelles? Il m’est impossible de le savoir.»

Sauf que Hrant Dink a bel et bien été assassiné, ce vendredi, aux alentours de 15 heures. Rédacteur en chef du journal Agos, il sortait de la rédaction, située dans le quartier de Sisli, à Istanbul, lorsqu’un jeune homme de 19-20 ans qui, selon des témoins, portait un jean, une veste en cuir et un bonnet blanc, lui a tiré à plusieurs reprises dans le cou. Hrant Dink, âgé de 53 ans, est mort sur le coup, en pleine rue, sous les yeux des passants. La police, elle, a interpellé trois suspects.

Hrant Dink, l’un des journalistes les plus décriés par les ultranationalistes, s’était fait le porte-voix de la cause arménienne, depuis la création en 1996, de l’hebdomadaire Agos, publié en arménien et en turc. Hrant Dink ne mâchait pas ses mots, soutenant ouvertement la thèse du génocide des Arméniens. Poursuivi à plusieurs reprises par la justice, il avait été condamné, en juillet dernier, à six mois de prison avec sursis, pour «insulte à l’identité turque», sur la base du désormais fameux article 301 du Code pénal, que le gouvernement, malgré les appels, n’a pas modifié.

«Tous Arméniens»

Depuis, Hrant Dink doutait de vouloir rester en Turquie et avait décidé de porter plainte devant la Cour européenne des droits de l’homme. «Jusqu’à ce que le procès se termine, je resterai en Turquie», écrivait-t-il dans son dernier article. «Je me vois comme l’âme inquiète d’une colombe mais je sais que, dans ce pays, on ne touche pas aux colombes.»

Vendredi soir, plus de 5000 personnes se sont réunies devant la rédaction d’Agos. Des anonymes, bougies à la main, lançant des slogans tels que «Nous sommes tous Hrant Dink, nous sommes tous Arméniens». Des manifestants à la fois «tristes et très en colère», à l’image de Metin Hakyeri, venu rendre hommage à «ce journaliste courageux opposé à la doctrine officielle» avec qui pourtant il n’était pas d’accord.

Le premier ministre Erdogan a dénoncé une attaque dirigée «contre nous tous, contre notre solidarité et unité en tant que nation». Avant de trouver «très significatif que les meurtriers aient choisi de commettre ce crime au moment où les allégations de génocide sont mises en lumière dans certains pays». Référence notamment aux Etats-Unis où les démocrates pourraient passer au printemps prochain une loi reconnaissant le génocide des Arméniens.

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Author: raffi

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