Un prêtre catholique polonais, Tadeusz Isakowicz-Zaleski, a fait paraître lundi un livre dans lequel il dévoile la collaboration d’une quarantaine de religieux, dont quatre évêques, avec les anciens services secrets communistes.
Le livre est publié au moment où la puissante Église catholique de Pologne est confrontée à son passé de l’époque communiste.
L’épiscopat polonais vient de mettre sur pied une commission chargée d’examiner le passé de tous les évêques du temps du communisme, pour surmonter une profonde crise engendrée par la démission au début de l’année de l’éphémère archevêque de Varsovie, Mgr Stanislaw Wielgus, convaincu de collaboration avec l’ancienne police secrète communiste.
Le livre attendu du père Isakowicz-Zaleski décrit sur près de 600 pages les efforts des services communistes pour infiltrer l’Église et la résistance de l’immense majorité du clergé.
On y trouve toutefois une quarantaine de cas de collaboration attestée de la part de religieux cités nommément.
Il y a parmi eux l’ancien archevêque de Poznan, Mgr Juliusz Paetz, démis de ses fonctions en 2002 par le pape Jean Paul II au milieu d’accusations de harcèlement sexuel envers des séminaristes.
Un autre cas concerne un proche ami de Karol Wojtyla à Cracovie, le père Mieczyslaw Malinski, bien connu en Pologne.
Le père Isakowicz-Zaleski, 50 ans, ancien aumônier du syndicat anti-communiste Solidarité, mène depuis 2005 un combat solitaire pour que l’Église fasse toute la lumière sur le passé douloureux de certains de ses prêtres.
La hiérarchie de l’Église a en vain tenté de le dissuader de publier son livre, estimant qu’il faudrait avant tout juger le système criminel et ses fonctionnaires, restés impunis à ce jour, avant de s’en prendre à leurs collaborateurs, qui sont des victimes.
«L’Église n’a vraiment rien a craindre, seulement 10 % des prêtres ont collaboré. Les autres sont sortis du régime communiste la tête haute», a récemment déclaré le père Isakowicz-Zaleski.
