Un magistrat de haut rang turc a accusé vendredi 7 juillet 2006 le gouvernement d’intervenir dans les affaires judiciaires à portée politique, appelant de son voeu des réformes pour assurer l’indépendance de la Justice, a rapporté l’agence de presse Anatolie.
« Des incidents bouleversants qui se sont produits l’année dernière (…) ont clairement démontré que le système (judiciaire) est sujet à des influences extérieures, en particulier politiques », a déclaré Nuri Ok, le procureur en chef de la Cour d’appel au cours d’une conférence.
M. Ok a cité comme exemples des poursuites judiciaires contre un universitaire défenseur de la laïcité, un attentat à la bombe dans un commerce kurde en novembre à l’issue duquel deux soldats ont été jugés coupables, et l’affaire, toujours en cours, de la fusillade du 17 mai au Conseil d’Etat, qui a fait un mort et des blessés.
« La remarque d’un analyste reconnu qui a dit, après la fusillade au Conseil d’Etat, que le gouvernement agit comme s’il était le pouvoir judiciaire, veut tout dire », a estimé M. Ok, cité par Anatolie.
Des observateurs ont suggéré que, sous la pression du gouvernement, la police avait cherché à masquer la piste islamiste dans l’enquête sur cet attentat, au cours duquel un conseiller d’Etat a trouvé la mort et quatre autres personnes ont été blessées.
L’auteur de l’attentat — un militant islamiste présumé — a été arrêté immédiatement après la fusillade.
Selon un employé du Conseil d’Etat, l’assaillant a tiré à bout portant sur des juges en criant « Allah Akbar (Allah est grand) », affirmant qu’il souhaitait les « punir » pour avoir soutenu une décision confirmant l’interdiction du port du foulard islamique dans les administrations publiques et les universités.
L’attentat avait provoqué de vives tensions politiques, l’opposition accusant le gouvernement, issu de la mouvance islamiste, d’avoir encouragé le geste de l’assaillant en prenant position contre l’interdiction du voile islamique et en critiquant les décisions du Conseil d’Etat sur le sujet.