Deux responsables politiques de l’opposition arménienne, qui avait quitté le parti Hanrabédoutioun (République), formation la plus farouchement opposée au président Kotcharian, en raison de ses positions pro-occidentales, ont annoncé mercredi leur décision de fonder un nouveau parti. Albert Bazeyan et Vagharchak Haroutounian ont indiqué que la nouvelle formation, qui se range résolument dans l’opposition, organiserait son congrès fondateur le mois prochain. S’exprimant lors d’une conférence de presse conjointe à Erevan, ils n’ont pas ménagé leur ancien patron, le leader du parti République Aram Sarkissian, qu’ils ont accusé de les avoir contraints à quitter son parti. M. Haroutounian a ainsi révélé que c’est Aram Sarkissian lui-même, qui lui aurait conseillé, ainsi qu’à Albert Bazeyan, de créer leur propre parti lors de leur dernière rencontre le 28 août, étant donné les différends idéologiques inconciliables qui les opposent. MM. Bazeyan et Haroutounian avaient été suivis par cinq autres membres du conseil dirigeant du parti république qui en compte 15, quand ils avaient quitté le parti en signe de protestation contre l’abandon par son dirigeant de l’alliance avec la Russie et contre ses critiques insistantes visant ses partenaires de l’opposition mois sévères à l’encontre du pouvoir. Les dissensions au sein de l’instance dirigeante du parti s’étaient aggravées l’an dernier après l’échec des manifestations de l’opposition visant à renverser le président Kotcharian. M. Sarksian aurait alors attribué cet échec à l’absence d’une réelle alternative politique opposant un projet pro-occidental à la ligne suivie par le pouvoir en place. Selon M. Bazeyan, M. Sarkissian et son entourage seraient convaincus que les Etats-Unis chercheraient à se débarrasser de M. Kotcharian en Arménie où ils chercheraient des alliés fiables, en vertu d’un scénario qui a fait ses preuves en Géorgie et en Ukraine. Le dirigeant du Parti République et ses partisans auraient alors fait miroiter l’aide, notamment financière, que vaudrait à leur mouvement ce changement de cap politique et se seraient accrochés à leurs illusions, sourds aux conseils de retenue prodigués par M. Bazeyan et ses alliés, qui leur proposaient de privilégier un rassemblement des forces de l’opposition autour d’un programme politique réaliste. M. Sarksian, qui avait rencontré des représentants de la Maison blanche et du Département d’Etat lors d’une visite à Washington en juin dernier, a démenti être sous influence étrangère, contrairement à d’autres responsables politiques, a-t-il ajouté, dans une allusion aux liens entre les dissidents de son parti et la Russie, et a accusé les autorités d’avoir encouragé cette scission au sein de son parti. Les Etats-Unis ont pour leur part semblé soutenir le président Kotcharian, à l’approche du référendum sur les réformes constitutionnelles.
