Un nouvel oléoduc pour le pétrole russe

Se Propager

Le Figaro (France), Vendredi 16 mars 2007, p. 21-23

Alexia Kefalas, Athènes

Un nouvel oléoduc pour le pétrole russe reliant la Bulgarie à la Grèce, il évite les détroits du Bosphore et des Dardanelles.

La Grèce, nouveau carrefour énergétique

Il aura fallu quatorze ans d’âpres négociations pour que soit enfin signé hier, en présence du président russe Vladimir Poutine, l’accord portant sur la construction d’un oléoduc reliant les villes portuaires de Bourgas en Bulgarie et Alexandroupoli en Grèce. C’est donc par la mer Égée que le pétrole de la mer Caspienne pourra bientôt être distribué en Europe. Cette nouvelle infrastructure facilitera le transport de l’or noir, s’est félicité Vladimir Poutine.

« La position géographique de la Grèce et de la Bulgarie crée de nouvelles possibilités pour développer des voies de transit des hydrocarbures russes vers les marches européens et mondiaux » , a-t-il déclaré hier. Long de 280 kilomètres, cet oléoduc devrait être mis en service vers 2010. Il transportera au départ 35 millions de tonnes de pétrole par an, en contournant les détroits du Bosphore et des Dardanelles en Turquie.

En plus du coût trop élevé des frais de douane, ces détroits arrivent à saturation, ce qui met les pétroliers en danger. Si la Turquie pointe du doigt cette « alliance orthodoxe » , elle reste tempérée par rapport aux États-Unis, furieux de voir la Russie continuer « d’étendre ses tentacules dans les Balkans », souligne Thanos Dokos, directeur général de l’Institut de recherche des relations internationales. Washington « demande que l’on se dirige vers l’Azerbaïdjan pour acheminer du pétrole », poursuit-il.

Effectivement, « la Russie exerce déjà un monopole dans la région. Rien que la Grèce s’approvisionne à hauteur de 76 % chez Gazprom. Mais maintenant que l’accord est signé, les États-Unis doivent comprendre que cet oléoduc n’est pas un concurrent de celui de Bakou-Ceyhan, qu’ils ont soutenu ».

D’un point de vue stratégique, la construction du nouvel oléoduc est « historique pour la Grèce », a insisté le ministre du Développement, M. Sioufas, lors de la signature de l’accord. « En plus de créer de nombreux emplois, elle permettra à la Grèce de devenir un carrefour sur le marché énergétique mondial. » Partenaire privilégié Le pays, qui ne produit pas de pétrole, occupe déjà une place importante dans le transport des hydrocarbures puisque les pétroliers grecs représentent 25 % de la flotte mondiale. Avec cet oléoduc, Athènes franchira une étape supplémentaire et deviendra le quatrième partenaire privilégié de la Russie en Europe après la France, l’Allemagne et l’Italie.

Quant aux diplomates russes qui accompagnaient Vladimir Poutine hier, ils se félicitaient à l’idée que la Russie pourra s’assurer le soutien de deux alliers européens supplémentaires dans ses difficiles négociations avec l’UE. Seul bémol à cette initiative, l’environnement. L’oléoduc permet de sécuriser le transit du pétrole, s’est félicité hier le commissaire européen à l’Énergie.

Mais, déplore Thanos Dokos, « les pétroliers qui feront le transit depuis Alexandroupoli jusqu’en Europe ne disposent pas tous de double coque. Le gouvernement devra être vigilant sur la sécurité du transport. La mer Égée est fermée et, en cas de catastrophe, les dégâts seraient terribles ».

En effet, les eaux grecques verront bientôt apparaître des tankers pouvant transporter jusqu’à 300 tonnes de pétrole.

L’oléoduc en chiffres

Longueur : 280 km. Début des travaux : janvier 2008. Fin des travaux : autour de 2010.

Coût : 709 millions d’euros. Consortium : contrôlé à 51 % par la Russie et à 49 % par la Grèce et la Bulgarie. Capacité : 35 millions de tonnes par an pouvant être portée à 50 millions.

Partenaires : Rosneft, Gazprom et Transneft, Bulgaraz (Bulgarie) ; Hellenic Petroleum, Latsis Group et Petroleum gas (Grèce).

raffi
Author: raffi

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut