L’accession de l’Allemagne à la présidence de l’UE, le 1er janvier dernier, pour six, mois, n’a pas contribué, comme on pouvait s’y attendre, à améliorer les relations déjà tendues entre la Turquie et l’Europe. La dernière initiative de Berlin, visant à harmoniser la législation européenne afin de combattre le racisme et la xénophobie, suscite l’inquiétude en Turquie, où l’on redoute qu’elle tende à généraliser les mesures prises en France et ailleurs en vue de sanctionner le négationnisme du génocide arménien. Le journal turc en langue anglaise Turkish Daily News » s’était inquiété le mois dernier de ce que ce projet de loi, s’il n’a qu’un caractère incitatif pour les gouvernements des pays européens, pourrait bien encourager d’autres pays à suivre l’exemple de la France, dont l’Assemblée nationale a voté en octobre 2006 un texte de loi prévoyant des sanctions pénales contre ceux qui se rendraient coupable de ne pas reconnaître l’existence du génocide des Arméniens. « C’est un très mauvais projet de loi, qui ignore une disposition de l’Onu et menace la liberté d’expression et les études universitaires », a indiqué pour sa part lors d’un point de presse le porte-parole du gouvernement turc Cemil Cicek après un conseil des ministres le 10 avril. Le projet de loi prévoyant des peines allant jusqu’à trois ans d’emprisonnement pour les négationnistes du génocide sera inscrit à l’ordre du jour de la présidence allemande de l’UE les 18 et 19 avril, a précisé le responsable turc, en déplorant que le texte porte atteinte à la liberté d’expression et compromette les recherches universitaires concernant « les allégations de génocide ». Le ministre turc des affaires étrangères, Abdullah Gul, a fait part des inquiétudes de la Turquie au sujet de ce texte lors d’une visite officielle en Allemagne la semaine dernière, et la question devait être inscrite à l’agenda du premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan lors de la visite qu’il doit effectuer les 14 et 15 avril en Allemagne.
