Alors que les alliés théoriques de l’Arménie au sein de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), réunis en sommet les 22 et 23 novembre à Minsk en l’absence remarquée des responsables arméniens, multiplient les gestes et déclarations soulignant que la porte de l’alliance militaire dirigée par la Russie était toujours ouverte à l’Arménie, dont le premier ministre Nikol Pachinian, comme les autres membres de son gouvernement concernés, ont boycotté la rencontre, un représentant du Contrat civil, le parti au pouvoir en Arménie, a déclaré lundi 27 novembre qu’un retrait de l’Arménie de cette alliance était envisageable. Jusqu’à présent, les dirigeants arméniens, à commencer par Pachinian, tout en dénonçant le manquement manifeste de la Russie et de l’OTSC à leurs obligations de solidarité envers l’Arménie face aux attaques répétées de l’Azerbaïdjan dont elle a fait l’objet, et tout en évoquant toujours plus ouvertement une réorientation stratégique du pays, vers l’Occident, avaient insisté sur le fait qu’un retrait de l’Arménie de l’alliance militaire russe n’était pas à l’agenda du gouvernement arménien. Pachinian lui-même n’avait pas exclu cette éventualité vendredi, au lendemain de ce sommet qui s’est déroulé dans la capitale biélorusse en l’absence remarquée de l’Arménie, dont le drapeau tricolore avait été néanmoins déployé dans les différents lieux où se sont réunis les participants. Le premier ministre arménien s’est livré à une nouvelle diatribe contre l’OTSC, qu’il a accusée de ne pas avoir honoré ses obligations envers l’Arménie en termes de sécurité. “Il y a une situation bien définie dans laquelle nous quitterons définitivement [l’OTSC]”, a indiqué pour sa part Gevorg Papoyan, le vice-président de l’instance dirigeante du Contrat civil, en s’exprimant devant les journalistes, tout en précisant toutefois : “Nous ne nous trouvons pas encore face à une telle situation ”. Cette nuance, qu’ont prudemment énoncée les responsables arméniens concernant ce dossier éminemment sensible, le représentant du parti de Pachinian s’est employée à en préciser les contours, en ajoutant : “Mais il y a aussi une situation telle que nous participerions sans problème à ces rencontres [de l’OTSC]. Il n’y a pas non plus une telle situation”, dans une allusion évidente au gel par l’Arménie de toutes ses activités dans le cadre de l’alliance militaire russe. Papoyan s’est néanmoins gardé de préciser la nature de ces “situations ”. Il n’a pas non plus précisé si le gouvernement de Pachinian souhaitait obtenir des garanties de sécurité de l’Occident avant de réorienter officiellement l’Arménie vers les Etats-unis et l’Union européenne. Le ministère russe des affaires étrangères a accusé Erevan de préparer le terrain à une telle réorientation fin septembre alors que les tensions déjà vives entre les deux alliés, connaissaient un regain en raison de l’offensive lancée par les forces armées de l’Azerbaïdjan contre les Arméniens du Haut-Karabagh, qui devront quitter leur terre ancestrale en une semaine, sans que les soldats de la paix russes déployés dans la région depuis trois ans ne cherchent à empêcher ce nettoyage ethnique, qui fera l’objet d’une condamnation à peine audible de Moscou, soucieux avant tout de préserver ses relations avec l’Azerbaïdjan et son allié, la Turquie. Au cours des derniers mois, Pachinian n’a cessé d’affirmer que l’alliance avec la Russie n’était plus en mesure de garantir la sécurité nationale de l’Arménie. Son refus de participer au sommet de l’OTSC à Minsk avait nourri les spéculations sur un retrait à très court terme de l’Arménie de l’alliance militaire dirigée par Moscou. Alen Simonian, le président du Parlement arménien et autre figure de proue du Contrat civil, avait de son côté affirmé la semaine dernière qu’il ne se rendrait pas à la prochaine réunion de l’Assemblée parlementaire de l’OTSC. De leur côté, les leaders des cinq autres Etats membres de l’OTSC se sont employés à minimiser le boycott du sommet de Minsk par Pachinian et les membres de son équipe. Ainsi, le Kazakh Imangali Tasmagambetov, qui assume la présidence tournante de l’alliance et qui doit effectuer une visite officielle prochainement à Erevan, a affirmé que Pachinian ne s’était pas rendu jeudi au sommet de Minsk pour des raisons simplement “techniques”. “De mon point de vue, il serait vain de tirer quelque conclusion catégorique de cette situation ”, a déclaré Tasmagambetov cité par l’agence de presse officielle russe TASS, en ajoutant : “L’Arménie a été et reste notre allié ”. Rappelons que l’Arménie, en signe de loyauté envers l’OTSC et la Russie, qui avaient pourtant déjà failli à leurs obligations de solidarité envers les Arméniens, avait participé à la « force de paix » envoyée au Kazakhstan pour mater un mouvement de révolte menaçant le pouvoir en place en janvier 2022, soit moins d’un mois avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février, qui donnait le coup d’envoi d’une guerre qui a remis profondément en jeu les équilibres géopolitiques et stratégiques, et dont les incidences n’ont pas épargné le Sud Caucase, où la Russie a dû lâcher du terrain et de l’influence face à l’élément turco-azéri, qui lorgne ouvertement sur l’Asie centrale, dont le président turc Erdogan rappelait dernièrement qu’elle serait le « berceau » de la Turquie, lors d’un sommet des pays turcophones au Kazakhstan. L’Arménie est en droit de sentir menacée, d’autant que la Russie, qui faisait traditionnellement office de rempart contre cette menace, n’est plus en mesure, ni apparemment désireuse de jouer ce rôle, et prend même ouvertement le parti de l’Azerbaïdjan, pays non membre de l’OTSC et étroitement lié à la Turquie membre de l’Otan, pour punir l’Arménie pour ses tentations occidentales. S’exprimant à la veille du sommet de Minsk, la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères Maria Zakharova, déclarait ainsi que le gouvernement de Pachinian préparait un “ changement radical” de l’orientation géopolitique traditionnelle de l’Arménie au profit des puissances occidentales. Le ministère russe l’avait auparavant accusé de “ruiner” les relations arméno-russes, et s’étant rangé au point de vue de l’Azerbaïdjan, selon lequel l’acquisition d’armes par l’Arménie auprès de l’Inde, et surtout de la France, entraînait la région dans la spirale de la guerre. Sur un ton plus mesuré, comme à son habitude, le porte-parole du Kremlin Dmitry Peskov balayait de son côté du revers de la main ce weekend les critiques émises contre l’OTSC par Pachinian et d’autres responsables arméniens, en exprimant l’espoir que Erevan reprendrait bientôt “sa pleine participation dans l’organisation ”. Au début de l’année, l’Arménie avait également refusé de participer aux exercices militaires de l’OTSC et avait boycotté la réunion des ministres de la défense des Etats membres de l’alliance.
Un responsable arménien affirme qu’un retrait de l’Arménie de l’OTSC est envisageable, alors que l’alliance militaire dirigée par la Russie se réunit à Minsk, en l’absence de Pachinian
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