Le parti Contrat civil au pouvoir en Arménie a préparé un amendement qui a suscité de vives critiques dans les milieux d’opposition, qui estiment qu’il mettrait les autorités arméniennes en capacité de contraindre les membres de l’opposition au sein des conseils municipaux d’élire des maires proches du pouvoir à la tête des villes et autres communautés urbaines. Jusqu’à l’an dernier, les conseils élus par des électeurs inscrits sur les listes locales étaient tenus d’élire leurs maires lors d’un vote à bulletins secrets. Le Parlement arménien contrôlé par le Contrat civil a supprimé cette disposition qu’il a remplacée par une procédure de vote à bulletin ouvert en prévision des élections locales organisées dans la plupart des municipalités du pays l’automne dernier. Le parti dirigé par le premier ministre Nikol Pachinian s’était vu infliger de cinglants camouflets durant ces scrutins. Ce qui l’inciterait à vouloir revenir au mode de suffrage à bulletin secret. Les députés représentant le parti au pouvoir ont ainsi ajouté une disposition afférente dans la série d’amendements au Code électoral qui a été révélés ce mois-ci. Les partis d’opposition n’ont pas encore exprimé leur position officielle sur les changements proposés, mais ceux-ci ne devraient pas manquer de susciter des critiques, déjà formulées par certains militants des droits de l’homme qui ont affiché de sérieuses réserves concernant ce texte. Daniel Ioannisian, représentants l’Union des citoyens informés basée à Erevan a affirmé jeudi que l’équipe politique de Pachinian cherchait à se douter de l’instrument légal lui permettant de contourner les résultats d’élections locales qui lui sont défavorables, en l’espèce d’une sorte de « marchandage politique ». Il a ajouté qu’il avait vainement tenté de le faire dans le sillage des élections municipales de l’automne dernier. “Les autorités essaient d’exercer des pressions et de rallier ou acheter — pas nécessairement avec de l’argent, mais en offrant, par exemple, un emploi, comme ils ont cherché à le faire à Meghri – des membres de l’opposition [des conseils municipaux nouvellement élus] de telle sorte qu’ils votent pour le Contrat civil”, a indiqué Ioannisian, interrogé par le Service arménien de RFE/RL en ajoutant ; “De nombreux opposants n’ont pas voté pour le Contrat civil, et dans toutes ces municipalités, à l’exception de Talin, ce sont des maires de l’opposition qui ont été finalement élus”. Ioannisian a estimé que les efforts du parti au pouvoir avaient été contrariés par le système de vote à bulletin ouvert. “Maintenant, ils veulent rendre la procédure à nouveau secrète”, a indiqué cette figure de proue des organisations démocratiques. L’un des auteurs de l’amendement, Vahagn Hovakimian, a nié le fait que les autorités chercheraient à coopter les membres de l’opposition au sein des conseils municipaux. Il a déclaré que le texte controversé visait à faciliter le partage du pouvoir parmi les candidats en lice. Le parti au pouvoir aurait engagé les préparatifs pour les prochaines élections municipales à Erevan. L’actuel conseil municipal de la capitale et le maire qu’il a élu doivent conclure leur mandat en septembre 2023. Selon certains media, Pachinian et son entourage politique pourraient rapprocher cette échéance et convoquer un scrutin anticipé cet automne. Ioannisian a souligné que l’ancien pouvoir en Arménie avait cherché à tirer profit du système de vote à bulletin secret après avoir essuyé une défaite cinglante dans des élections municipales organisée en 2016 à Vanadzor, la troisième ville du pays. Son candidat au poste de maire, Mamikon Aslanian, avait été alors élu car certains des membres de l’opposition du conseil municipal avaient décidé, pour des motifs inexpliqués, de passer outre les consignes de leurs partis et de voter en sa faveur. Par une ironie plutôt cruelle, Aslanian a été arrêté en décembre 2021 quelques jours seulement après qu’une alliance d’opposition qu’il conduisait eut remporté les dernières municipales à Vanadzor par quelque 39 % des voix. Le Contrat civil était arrivé loin derrière, avec 25 % des suffrages. Aslanian a comparu en procès au début du mois sous l’accusation de corruption, qu’il a récusée avec véhémence, la qualifiant de politiquement motivée.
Un texte controversé du Parti Contrat civil vise à renforcer l’emprise du pouvoir sur les villes
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