Un tribunal d’Erevan a de nouveau refusé hier de libérer Manvel Grigorian, un général de l’armée arménienne à la retraite faisant l’objet de nombreuses accusations criminelles.
Les avocats de Grigorian ont fait valoir que son état de santé s’était fortement détérioré depuis son arrestation en juin 2018. Néanmoins, le président du tribunal, Mnatsakan Martirosian, a rejeté la demande de libération du requérant en attendant l’issue de son procès.
Grigorian, qui souffre de plusieurs maladies, est détenu dans un hôpital d’Erevan depuis février. L’administration de l’hôpital a informé le tribunal cette semaine qu’il restait trop fragile pour assister aux audiences de son procès très médiatisé.
Les avocats de Grigorian ont demandé à plusieurs reprises que leur client soit remis en liberté pour raisons de santé. La cour et les procureurs ont rejeté toutes ces requêtes.
Le tribunal a récemment décidé de créer une commission entre plusieurs médecins, chargée de procéder à un examen approfondi de l’état de santé du prévenu. Mardi, il a accepté la demande des avocats de la défense d’inclure également au sein de la commission un médecin franco-arménien, qui s’occupe depuis plusieurs années du général autrefois puissant. Un procureur s’est opposé à cette nomination, affirmant que le médecin, Norbert Avetian, était devenu trop lié à Grigorian pour prendre des décisions impartiales.
Grigorian est accusé de détention illégale d’armes, de détournement, d’extorsion de fonds et d’évasion fiscale. Certaines de ces accusations ont également été portées contre son épouse, Nazik Amirian. Le couple a continué à nier tout acte répréhensible lors de son procès qui a eu lieu en mai.
Grigorian a été arrêté à la suite de perquisitions effectuées sur ses propriétés dans et autour de la ville d’Echmiadzine. Les enquêteurs ont trouvé sur place de nombreuses armes, munitions, médicaments et rations de campagne pour les soldats fournies par le ministère de la Défense arménien.
Ils ont également découvert des conserves et plusieurs véhicules donnés par des Arméniens dans l’un des hôtels particuliers de Grigorian. Une vidéo officielle des fouilles effectuées par le Service de sécurité nationale (SNS) a provoqué le scandale et l’indignation du pays.
Seyran Saroyan, autre général à la retraite et ami de longue date de Grigorian, faisait partie des personnes choquées par la vidéo. Cependant, Saroyan a mis en doute mardi les accusations, laissant entendre que les objets trouvés dans la villa de Grigorian n’étaient pas forcément détournés par lui.
« Tout sera éclairci », a-t-il prédit lors d’une conférence de presse dans le jardin de sa propre villa, également située à Echmiadzine.
Quand on lui a demandé s’il pensait maintenant que Grigorian pourrait être acquitté, Saroyan a répondu : «Je ne sais pas ce que pense le juge. Nous avons fait la révolution de velours pour obtenir justice ».
Saroyan, qui avait été élu au Parlement sous l’ancien régime à la faveur du parti républicain, a également rendu hommage au bilan du Premier ministre Nikol Pachinian. Il pense que ce nouveau Premier ministre « établit la loi et l’ordre » en Arménie.
