Un tribunal d’Erevan a approuvé un nouveau mandat d’arrêt contre le responsable de l’enquête pénale sur les violences post-électorales de 2008 en Arménie sous la présidence de Serge Sarkissian.
L’ancien responsable, Vahagn Harutiunian, a été inculpé fin octobre pour avoir fabriqué des preuves factuelles permettant de dissimuler la participation de l’armée arménienne à la répression meurtrière des manifestations de l’opposition organisées à la suite d’une élection présidentielle controversée. Il a quitté l’Arménie pour la Russie en juillet, apparemment pour se faire soigner, et il semble qu’il y soit resté depuis.
Le 2 novembre, un tribunal de première instance de la capitale arménienne a autorisé le Service spécial d’enquête (SIS) à arrêter Harutiunian dans l’attente du procès. La Cour d’appel a toutefois annulé le mandat d’arrêt le 13 décembre.
Peu de temps après, Harutiunian a également été inculpé pour abus de pouvoir. Selon une porte-parole du SIS, Marina Ohanjanian, le tribunal de district a de nouveau sanctionné l’arrestation de l’ancien enquêteur du SIS le 30 décembre.
Harutiunian a rejeté les accusations initiales portées contre lui, car elles sont pour lui « infondées, illégales et fabriquées », lorsqu’il s’est entretenu par téléphone avec le service arménien de RFE / RL le 1er novembre. Il a insisté sur le fait que son équipe d’enquêteurs n’avait trouvé aucune preuve d’actes illégaux commis par l’armée arménienne. Durant les troubles de 2008, huit manifestants et deux membres de la police ont trouvé la mort.
Le SIS a complètement changé la version officielle des événements à la suite des manifestations de masse du printemps dernier qui ont renversé le pouvoir de Serge Sarkissian. Il prétend maintenant que le prédécesseur de Sarkissian, Robert Kotcharian, a illégalement ordonné à des unités de l’armée de se rendre dans les rues d’Erevan avant de proclamer l’état d’urgence le 1er mars 2008.
Kotcharian a été arrêté le 7 décembre pour avoir renversé l’ordre constitutionnel. L’ancien président nie ces accusations, affirmant que le Premier ministre Nikol Pachinian se livrait à une «vendetta» politique contre lui.
Pachinian a été un des orateurs principaux lors des manifestations de 2008. L’ancien journaliste a ensuite passé environ deux ans en prison pour avoir organisé ce que le SIS qualifiait «troubles de masse». Il a fermement démenti ces accusations.