Une arme qui ne parle pas est comme « un couteau sans lame auquel manque le manche »

Se Propager

Une arme qui ne parle pas est comme « un couteau sans lame auquel manque le manche »C’est quand un dictateur assoit son pouvoir pour longtemps qu’il s’avère le plus menaçant. Nul n’est dans sa tête, mais ce qui est sûr c’est qu’il sait plus que tout autre qu’il n’est pas éternel.Que laisser de son règne? Un pouvoir verrouillé? Pour quelle cause, quelle justification?Un petit dictateur des années 30, ne réarme pas une Allemagne humiliée pour rien. Il la réarme pour reprendre le fil de l’Histoire qui lui a échappée.Ce petit moustachu à la frange revêche ne s’impose pas puisque les hommes et les femmes l’acclament comme le messie, l’élise comme un démocrate, le haïront comme un dictateur, mais bien trop tard.Un dictateur devient impopulaire, surtout après sa mort.La Russie a considéré,depuis les années de dénucléarisation post soviétique,qu’elle avait succombé à un marché de dupe des occidentaux plutôt qu’à son propre écroulement. Le petit lieutenant colonel imberbe a stoppé la croyance selon laquelle une armée, aussi surpuissante soit-elle, ne se déshabille pas en temps de paix. Une armée ne recule jamais de son propre fait. Une armée est un outil utile. Une armée n’est jamais plus utile que lorsqu’elle tonne et entonne des chants patriotiques, nationalistes, et puis un jour, fascistes. La Russie joue sa partition de nation humiliée par l’Histoire, et son dictateur, assis depuis longtemps sur son trône, a trouvé qu’il était temps que son armée s’occupe autrement que s’entrainer à gendarmer ses « anciennes provinces ». Enfin le dictateur fait ce qu’il sait faire: la guerre.
Il est un autre dictateur qui peut rivaliser en longévité, il est juste en face, en Turquie. Lui aussi est un humilié de l’Histoire. Lui aussi a perdu ses « provinces ». Lui aussi est surarmé. Lui aussi veut écrire sa « petite »histoire.Ce grand moustachu n’a pas envie de laisser l’image d’un mamamouchi de bazar. Il bout avec 2023 en ligne de mire.On peut donc facilement comprendre que les empires mènent au fascisme et à la guerre, quoiqu’il arrive. Tant que la fourmilière des hommes s’attache à donner son propre coup de pied dans la fourmilière, qu’elle efface tout de son acquis et recommence sans jamais aller nul part, tant que l’histoire est un éternel recommencement, alors les petits rejetons d’une civilisation tels que les Arméniens, les survivants du hasard,seront en sursis. Pour qu’il y ait des empires, il faut beaucoup de rejetons. Il ne tient qu’aux petits pays de sauver leurs peaux et cesser de croire que leur mort n’est pas programmée. Faire partie d’un empire, c’est disparaître dans le prémâché d’un haut gradé d’armée qui froidement énumère les prises de guerre et les enchainements des opérations, les victimes humaines indifféremment des pertes matérielles, le dessin des frontières,tel un jeu.L’Arménie doit être subtilement intelligente dans les très prochaines années car elle n’a plus beaucoup de temps pour éviter la guerre, après avoir perdu déjà trois décennies. Elle doit devenir insaisissable, virtuelle, une mouche. Elle doit être ici et ailleurs. A Yerevan et en diaspora. L’Histoire nous a porté ailleurs. Faisons en sorte que cet acquis soit une chance. Virtuelle, numérique, elle a les capacités d’atteindre rapidement cet objectif. Insaisissable, elle doit surprendre et bouger. La petitesse de son territoire doit devenir sa légèreté et sa puissance. L’exemple le plus censé du moment est la mue que Taiwan s’impose. Quelles armes pour le nain chinois? Aucunement exclusivement,les conventionnelles. Observons sa mue et tirons-en toutes les leçons. Les petits doivent apprendre des petits, pas des géants qu’ils ne sont pas et ne seront jamais.Dans la décennie qui vient, l’ancien monde accélère sa dangerosité. Un signe? Un seul. L’Allemagne se réarme. Au lieu de faire face à l’urgence climatique qui nous menace de mort, les Allemands investissent dans la mort directement. Un système qui prétend sauver l’humanité par la démocratie tout en surproduisant des armes de destruction massive pour les autres, joue avec une équation en forme de boomerang.Dans dix ans, la guerre d’Ukraine sera un souvenir. La guerre de la Turquie lui aura succédé ou le dérèglement climatique sera déjà à l’offensive. Quoiqu’il en soit, l’Arménie ne joue pas de cette partition puisqu’elle en est exclue. Ou bien elle regarde la télé, ou bien elle déroule son propre film.

Charles Sansonetti, Réalisateur

* D’après l’aphorisme de George Christoph Lichtenberg

capucine
Author: capucine

Autres opinions

guem
Par Haytoug Chamlian
guem
RENE DZAGOYAN

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut